À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
Coronavirus

Santé ou travail ?

20 juillet 2020 | Mise à jour le 23 juillet 2020
Par | Photo(s) : Eric Malot / Maxppp
Santé ou travail ?

Saran (Loiret), le 18 mars 2020. S'estimant mal protégés contre le coronavirus, les salariés d'Amazon Saran appelaient à un débrayage et demandaient la fermeture provisoire du site durant le confinement.

Les masques tombent. La relance de l'économie valait-elle de prendre des risques avec la santé des travailleurs ? Certainement pas, mais, pour le patronat et l'État, le marché demeure prioritaire.

Mardi 19 mai, au terme de deux mois de bras de fer, les six entrepôts d'Amazon France ont rouvert leurs portes. À la mi-avril, la justice avait ordonné au géant de l'e-commerce de suspendre la livraison de produits non essentiels. De nombreux manquements à l'obligation de sécurité et de prévention de la santé des salariés avaient en effet été relevés : aux portiques d'entrée, dans les vestiaires, à la préparation et à l'expédition…

La direction tablait sur 50 % de volontaires ; il n'y en a eu que 30 %. C'est dire la confiance que lui font les salariés. Alain Jeault, délégué syndical central CGT Amazon

En réponse, Amazon avait fermé ses entrepôts. Avant d'accepter, le 15 mai, le principe d'une reprise progressive du travail sur la base du volontariat, comme le proposait la CGT depuis le début. « La direction tablait sur 50 % de volontaires ; il n'y en a eu que 30 %. C'est dire la confiance que lui font les salariés », constate Alain Jeault, délégué central CGT Amazon.

Premiers de corvées et guide de bonne conduite

D'une entreprise à l'autre, les questions qui accompagnent le retour au travail des salariés sont les mêmes. Quid des équipements de protection, des gestes barrières, des distances physiques, de l'organisation du travail ? Chez Colas, entreprise de BTP, une première équipe a repris le 6 avril. « Le mardi suivant, les trois-quarts des effectifs étaient à pied d'œuvre. Ce n'est pas ce que j'appelle une reprise progressive », lâche Roland Brun, délégué CGT.

Les préconisations du guide de sécurité de l'organisme de prévention du BTP ? Elles sont souvent contredites par la réalité du terrain. « Les situations où l'on est côte à côte sont fréquentes : quand on porte une charge lourde ou qu'on lit un plan, dit Frédéric Mau, DSC d'Eurovia. Il était aussi question de rendre le port des lunettes et du masque obligatoire, sauf que les deux combinés produisent de la condensation, et l'on ne voit plus rien. »

Plus inquiétant : les syndicats ont découvert que le strict respect des gestes barrières entraînait une baisse de la vigilance sur les risques plus classiques.

Renault, une maîtrise des risques jugée insuffisante Tout, et souvent n'importe quoi, a été écrit autour de la décision du tribunal judiciaire du Havre de condamner Renault à suspendre la reprise de l'activité sur le site de Sandouville. Saisi par la CGT, le juge a estimé que « l'évaluation des risques était insuffisante et ne garantissait pas une maîtrise satisfaisante des risques spécifiques à cette situation exceptionnelle ».

Ajoutant que le CSE aurait dû être associé à l'élaboration des mesures de prévention. On est loin du « simple vice de procédure » dénoncé par certains contempteurs syndicaux, politiques et médiatiques.

Face aux menaces de contagion, des élus CGT réclament la mise en place de campagnes de tests. Des demandes restées pour l'heure sans réponse, comme à Toyota.

« La direction joue à la roulette russe avec nous, s'énerve Éric Pecqueur, délégué syndical. Sur une chaîne, une voiture passe entre plusieurs mains et elle n'est pas désinfectée entre deux opérations. Quant au masque, tout le monde ne pense pas à en changer à la cadence de 57 secondes par véhicule. »

Les AESH (accompagnantes d'élèves en situation de handicap) ont elles aussi le sentiment qu'on joue avec leur vie. Recrutées pour assister les élèves en situation de handicap, elles sont restées sans nouvelle de l'Éducation nationale pendant le confinement.

« J'ai perdu le contact avec la petite fille dont je m'occupe, affirme Laura, employée dans le premier degré. Personne ne m'a dit comment elle allait, si elle avait eu le Covid. La semaine qui a précédé la rentrée, j'ai eu du mal à dormir. Je me demandais comment ça allait se passer. Dans ce métier, la distance physique n'existe pas, on est toujours collé aux gamins. »

Le comble, c'est quand Laura a reçu un message [de l’Éducation nationale, NDLR] l'informant que les masques étant réservés en priorité aux enseignants, elle devrait amener le sien…

Comme Laura, Michel, guichetier à La Poste, trouve que le retour à la normale est trop rapide. « Les opérations non essentielles ont repris. L'affluence augmente et, avec elle, les risques de contamination. De surcroît, l'entreprise se sert de l'épidémie pour expérimenter des organisations du travail contre lesquelles nous luttons depuis longtemps, et qui renforcent, notamment, la présence des automates. »

Article paru dans La CGT Ensemble ! de juin 2020

L'email a bien été copié