6 août 2018 | Mise à jour le 6 août 2018
« Un si beau diplôme ! » n'ouvrit pas à Scholastique Mukasonga le chemin vers la profession à laquelle se destinait, mais il fut son sésame pour la vie. La littérature y a gagné une belle auteure qui nous conte comment elle ne devint pas assistante sociale.
Un modeste diplôme d'assistante sociale. Tel fut le précieux papier derrière lequel Scholastique Mukasonga nous confie qu'elle a couru la moitié de sa vie et qui, pourtant, ne débouchera pas sur cette honorable carrière au service des autres.
Dans ce récit où l'humour côtoie l'horreur, la brillante romancière rwandaise revient sur le parcours étonnant qui lui a épargné d'être massacrée au Rwanda en 1994 comme presque toute sa famille.
« Un si beau diplôme ! »
Les lecteurs qui ont eu dans les mains un ouvrage signé de cette belle auteure n'ont certainement pas oublié avec quelle force et quelle bouleversante simplicité l'écrivaine a érigé un tombeau de papier avec « Inyenzi ou les cafards » (pour les Tutsis, victimes désignées) ou « La femme aux pieds nus » (pour sa propre mère), récits du génocide auquel elle a échappé pour cause d'études hors du Rwanda.
Si dans « Notre-Dame du Nil » elle évoquait ses années d'école et l'insidieuse division entre Hutus et Tutsis orchestrée par les colonisateurs, Scholastique Mukasonga poursuit avec le parcours du combattant que sera la conquête d' « Un si beau diplôme ! ». Elle rend ici hommage à son père qui, obstinément, lui répétait chaque jour l'importance d'obtenir « un beau diplôme ».
Son écriture limpide et sans pathos trace un chemin du souvenir des disparus que la survivante sauve ainsi de l'oubli de la plus belle des manières.