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CHÔMAGE

Se mobiliser pour la justice sociale

5 décembre 2016 | Mise à jour le 5 décembre 2016
Par | Photo(s) : Yann Korbi/AFP
Se mobiliser pour la justice sociale

Marche des privés d’emploi à Paris

Samedi 3 décembre, comme chaque année, les privés d'emploi, chômeurs et précaires s’expriment dans la rue dans les principales villes de France. Soutenus par la coordinations CGT Chômeurs, l'APEIS, AC et le MNCP, ils revendiquent le droit au travail et à la dignité et dénoncent l’inefficacité des politiques de lutte contre le chômage.

Cette quatorzième édition de la manifestation annuelle des privés d'emploi, précaires de courte, longue durée ou de durée intermittente, s'inscrit dans un temps particulier de la vie politique du pays : aux vêpres d'un quinquennat qui avait fait de la finance son ennemi et de la relance de l'emploi, son cap.

Pôle emploi5,7 millions de chômeurs sont recensés en catégories A, B et C, avec une explosion de la catégorie B correspondant aux emplois éphémères, intermittents, de courte durée

Cinq ans plus tard, la courbe du chômage s'est effectivement inversée, mais dans le sens contraire au cap fixé par le président Hollande. Et cela donne, fin 2016, 6,5 millions de Français inscrits sur les listes de Pôle emploi dont deux millions recensés dans les activités dites « réduites », à savoir, les « mini-jobs » à la teutonne. Au terminus de ce quinquennat « anti-chômage », nous dénombrons officiellement 10 millions de personnes vivant (ou mieux, survivant) sous le seuil de pauvreté. Mais ce n'est pas tout : suivant la logique ultralibérale en vogue, le chômage est désormais assimilé à la paresse ; autrement dit, le chômage n'existerait que parce que ceux qui le subissent le veulent bien, voire en profitent.

Samedi 3 décembre, les précaires et privés d'emploi dénonceront une telle approche en expliquant ces causes identifiées d'une situation devenue intenable pour ceux qui la subissent.

Dénoncer les gabegies

« Nous voulons d'abord rappeler le patronat et le gouvernement à leurs responsabilités », déclare Rober Piot (comité confédéral CGT des privés d'emploi et précaires) en pointant du doigt les gabegies de la politique gouvernementale de lutte contre le chômage. À commencer par les exonérations et baisses de cotisations sociales inédites accordées aux employeurs, sans la moindre contreparties de création d'emplois. Alors que vient d'être lancé le plan « 500 000 formations pour les chômeurs », les privés d'emploi dénoncent une vaste « arnaque à la formation », ne visant qu'à sortir des milliers de chômeurs des listes de demandeurs d'emploi tout en alimentant un odieux marché de dupes où les prestataires agréés, fournisseurs de formations bidons, s'enrichissent de la misère sociale.

Il s'agira donc de contester cette politique de culpabilisation des chômeurs. Tout au long du quinquennat, celle-ci s'est notamment illustrée à travers les facilités en radiations, suspensions d'allocations et autres brimades en « trop perçu » ne visant, là encore, qu'à falsifier le réel : un taux de chômage explosif, proche ou supérieur à 10 % de la population active, et la supercherie d'une volonté d'inverser des courbes statistiques en guise de « politiques de soutien à l'emploi ».

Temps fort revendicatif de cette manifestation rituelle des privés d'emploi, la revalorisation à 500 euros de la « prime de Noël ». Car le montant de cette prime annuelle pour l'emploi, de 168 euros en moyenne, n'a jamais évolué depuis quatorze ans. Pour mémoire, rappelons la genèse de cette « fleur » accordée aux privés d'emploi sous un gouvernement de Mitterrand, dans les années 1993-1997 : le fameux « milliard Jospin » (en francs français à l'époque) a ainsi été muté en « prime de Noël », la variation sémantique n'ayant jamais entraîné la moindre variation numérique.

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Un quart de siècle de lutte

Après tant d'années de lutte, les chômeurs et précaires ne s'évitent pas le nécessaire bilan d'un quart de siècle de manifestations contre le chômage et pour le développement de l'emploi. Plutôt positif, ce bilan démontre sur le long terme l'utilité, pour une organisation syndicale, de rassembler, au-delà des salariés, ceux qui se situent hors de l'emploi. Au fil des années de lutte ont ainsi été obtenus :

– le droit de siéger dans les comités de liaison de Pôle emploi pour mesurer les évolutions ou projections d'emploi à l'échelle d'un bassin d'emplois ;

– le droit d'accompagnement des chômeurs lors de convocations ou de conflits avec les instances administratives ;

– le droit d'expression syndicale, avec panneaux d'affichages dédiés dans les Pôle emploi ;

– le rétablissement dans leurs droits de plus de un million de retraités recalculés, en 2004.

D'autres revendications classiques et d'une actualité brûlante, sont encore à conquérir :

– la revalorisation de la prime pour l'emploi devenue prime de Noël ;

– la réouverture au public des Pôles emploi durant les heures poméridiennes (l'après-midi) ;

– l'accès des chômeurs et précaires à la culture et aux activités sociales ;

– le maintien du minimum vital, soit 450 euros par mois (l'équivalent du RSA) en cas de suspension de l'indemnité de chômage pour raisons administratives ;

– le droit au logement ;

– la gratuité des transports (en région parisienne).

Et enfin, la plus importante des revendications : celle du droit à la dignité, ici traduite par une exigence de respect des chômeurs et précaires de la part des administrations de l'État.