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FORUM SOCIAL

Sécu : les anciens et les modernes

16 septembre 2015 | Mise à jour le 2 mars 2017
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Sécu : les anciens et les modernes

Parmi les débats du Forum social, celui sur la Sécurité sociale a permis d'évoquer les pistes à suivre pour l'amélioration du système et de confronter la vision portée par le mouvement social avec celle du Medef.

« La Sécurité Sociale, c'est moderne ! », avec un sujet de débat comme un slogan, la Fédération CGT des organismes sociaux qui organisait ce temps d'échange ne pouvait pas être une simple conversation de salon.

Les propos des différents intervenants, Léonora Tréhel, présidente de la Mutuelle Familiale – Ma nouvelle mutuelle ; Annie David, sénatrice, secrétaire Fédérale PCF en Isère ; Jean-François Pilliard, vice-président du Medef, président du pôle social à l'Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) et Denis Lalys, secrétaire général de la Fédération CGT des organismes sociaux, ont bien démontré les différences d'analyse existantes.

RAPPELS HISTORIQUES

La sécurité sociale, résultat d'une bataille politique pour assurer le travailleur de la naissance à sa mort, n'a que 70 ans et il a fallu une série de combats et de luttes pour la mettre en place et la garder face à l'opposition de la droite et de certaines catégories de la population.
Si, à l'origine, l'objectif est de couvrir 100 % des Français, celui-ci est détricoté au fur et à mesure de la préparation de la loi l'instituant.

Après un rappel des 4 principes qui ont prévalu à sa création, l'unicité, la solidarité, la démocratie et l'universalité. Les participants ont rappelé qu'elle est attaquée de toutes parts à travers un grignotage systématique de ces piliers. Les ordonnances qui créent les Urssaf en 1964, la mise en place de l'ANI, la baisse du poids des salariés dans ses conseils d'administration depuis 1945 et la dépossession de leurs prérogatives contribue à cet effritement… Les organisations syndicales n'ont plus la main sur les affectations des ressources, mettant à mal la logique du paritarisme, pourtant à la base de la création du système.

FINANCEMENT ET COMPLÉMENTAIRES

L'importance des chiffres, à travers le fameux trou de la Sécu, a été soulevée, en comparant les 20 milliards de déficits au budget de 470 milliards d'euros de la Sécurité sociale. Un montant que les exonérations de cotisations sociales et les autres « cadeaux » faits aux entreprises ces dernières années pourraient largement combler.

En décrivant les différentes inventions d'un système qui finit par ressembler à un patchwork avec les suppléments à la sécurité sociale que sont la CMU, l'aide à la complémentaire santé. Le constat a été assez largement partagé sur la nécessité d'une remise à plat de tout le système d'accès aux soins avec une volonté d'engager des réformes sur l'universalisme de la couverture sociale, comme une vraie démarche de progrès.

CONTROVERSES PATRONALES

Mais pour le représentant du Medef, les questions étaient – évidemment – mal posées. Puisque la modernité en tant que telle ne faisait pas débat, il fallait s'interroger sur le diagnostic de son état actuel et les évolutions, car l'environnement a changé, aujourd'hui, et la sécu, selon lui, s'éloigne de ses fondamentaux aujourd'hui. Il a rappelé son attachement (!) au système de sécurité sociale, en expliquant que c'était un élément de cohésion essentiel pour la démocratie.

Un discours dans lequel les demandes du Medef de repousser l'âge de la retraite n'ont pas été couvertes par les satisfecit de celui-ci sur la politique familiale de la France ou le recul de la pauvreté chez les retraités depuis la création de la « Sécu ».

Profitant du climat plus que clément que le gouvernement a installé, vis-à-vis des revendications patronales, leur représentant a continué à développer le discours habituel du Medef sur un système créé en 1945, qu'il juge socialement et économiquement dépassé.

La réponse serait évidemment de revoir à la baisse les « charges » pour la compétitivité de notre pays et, à l'écouter, de revoir le mode de financement profondément, pour distinguer ce qui doit relever de l'entreprise, via la cotisation et de la solidarité nationale, via l'impôt.

On pourra au moins reconnaître l'honnêteté du syndicat patronal de donner ses perspectives pour cet outil d'émancipation et de santé de tous les Français.

Un discours que les participants au débat et le public, nombreux, n'auront pas laissé passer sans réponse directe et plus développée sur la force du système de solidarité français et sur la vitalité que celui-ci confère aux entreprises, malgré leur volonté récurrente de le remettre en question.
⏩ Retrouvez dans la NVO du mois de septembre no 3541 notre article sur la Sécurité sociale ?