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ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES

Sexisme à grande vitesse

11 mars 2015 | Mise à jour le 27 février 2018
Par | Photo(s) : AFP/Patrick Kovarik
Sexisme à grande vitesse

Réalisés en partenariat par le CE de la SNCF Nord-Pas-de-Calais et une association citoyenne, deux ouvrages brossent un tableau édifiant du sexisme ordinaire au sein de l'entreprise publique.

Elles sont vingt-cinq à avoir accepté de témoigner de leur quotidien au travail dans un «monde de mecs», de lever un coin du voile sur la condition de femme cheminote et, au-delà, de la condition de femme, tout court. Pour beaucoup, ça n'a pas été facile. La peur d'être reconnue, jugée, moquée, ostracisée. Elles sont conductrice, agent commercial, contrôleuse…

« Entrées par hasard », par « goût du voyage», ou pour la « sécurité de l'emploi », elles ont très vite été confrontées à la rudesse d'un univers à l'imagerie particulière. « Un monde d'hommes où on suait à grosses gouttes, on buvait au goulot et où on pissait entre les wagons. » « Au début, on est une fille et puis après, on est une collègue, et là, c'est l'esprit de corps d'armée. » Les blagues salaces, les insinuations grossières, « tu me donnes ton numéro ?», «c'est ton nouvel amant ?». La peur, parfois. « Quand je travaillais en découché, raconte cette contrôleuse, ils [ses collègues] venaient gratter à la porte de ma chambre, je recevais des coups de fils obscènes. J'étais leur proie. Je mettais des chaises devant ma porte pour qu'ils ne rentrent pas…»
Tous ces récits de vie ont été recueillis entre novembre 2012 et mars 2013. Ils ont donné lieu à deux ouvrages, Paroles de femmes et Cheminote, fruits d'un partenariat entre le CE de la SNCF Nord-Pas-de-Calais et l'association Laisse ton empreinte (17,50 euros le volume). En arriver là n'a pas été simple, bien que le projet ait été porté par la commission égalité professionnelle du CE. « Le président ne voyait qu'une chose, c'est que ça allait coûter de l'argent, enrage Christelle Corbin, représentante CGT au CE. Et puis, dans le fond, les gens s'en foutent de la place de la femme dans l'entreprise. » Jusqu'en 2011, la question n'était, pour ainsi dire, jamais abordée. Le 8 mars, l'entreprise en allait de sa fleur à ses employées et de ses statistiques sur les effectifs ou les temps partiels.

Poser l'éventualité d'une crèche d'entreprise ou de toilettes réservées aux femmes paraissait saugrenu, parler de sexisme à la SNCF sonnait comme un non-sens. Au syndicat, où les hommes étaient majoritaires, on faisait pour l'occasion de la place sur les murs pour la nouvelle affiche confédérale. Et on remerciait les copines d'avoir fait le café et rangé la salle de réunion. L'arrivée d'une femme à la tête du syndicat change singulièrement les choses.

Des adaptations sont opérées, à commencer par les horaires de réunion. La direction du syndicat se féminise. Aidée en cela par un nombre important de militants qui, au fil des ans, quittent leurs responsabilités. Faut-il y voir un lien de cause à effet ? « J'espère pas !», rigole Christelle.

(1) 17,50 euros le volume.

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Association « Laisse ton empreinte »
85 rue Masséna
F 59000 Lille
03.20.30.86.56