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SERVICES PUBLICS

SIAAP l’assainisseur assaini

30 avril 2018 | Mise à jour le 30 avril 2018
Par | Photo(s) : Laurent Grandguillot/Rea
SIAAP l’assainisseur assaini

En eaux troubles depuis l'éclatement du scandale des marchés truqués en faveur d'acteurs privés, le Syndicat départemental des eaux usées de l'agglomération parisienne (SIAPP) repasse en régie directe. Un retour aux sources de la saine gestion publique de l'eau.

C'est une lutte au long cours, menée depuis 1987 par la CGT du SIAAP, qui vient de trouver un heureux dénouement. Après des décennies d'exploitation par le secteur privé et des mois de procédures judiciaires qui ont abouti, courant 2017, à l'éviction de deux prétendants (Suez et Veolia) à la reprise de l'usine de traitement des eaux usées de Valenton (Val-de-Marne), le comité technique extraordinaire du 27 mars – où la CGT est majoritaire – a emporté le vote en faveur du retour en gestion publique de la station. « Nous allons enfin pouvoir satisfaire notre principale revendication : appliquer le juste prix de l'eau pour tous les usagers de l'agglomération et la fin des ruissellements de dividendes aux actionnaires du privé, qui font exploser les factures des usagers », se réjouit Didier Dumont, de la direction de la CGT du SIAAP.

Deuxième station la plus importante d'Europe, Valenton traite les égouts de 9 millions d'habitants franciliens pour une capacité de 600 000 m3 par jour. Une manne financière pour les chan­tres de l'exploitation du bien public par le secteur privé, au profit d'actionnaires assoiffés de dividendes.

En l'espèce, le groupe Suez tout d'abord, qui détenait jusque-là le juteux contrat d'exploitation en partenariat public-privé (PPP) de la régie de Valenton, via sa filiale Sequaris. Le contrat arrivant à échéance le 31 mars 2018, ce devait être le tour de Veolia d'entrer dans la danse, au détour d'un appel d'offres lancé en 2017 pour un contrat d'environ 400 millions d'euros courant jusqu'en 2030. À cette fin, divers élus politiques siégeant au conseil d'administration (CA) du SIAAP avaient opportunément créé une société d'économie mixte à opération unique (Semop, loi du 1er juillet 2014) qui devait permettre à Veolia de faire d'une pierre deux coups : s'accaparer le contrat au détriment de Suez, mais aussi 60 % des voix du CA du SIAAP. Bref, une quasi-privatisation entre amis qui a viré au coup d'épée dans l'eau… d'égout.

Alertée à plusieurs reprises sur des soupçons de favoritisme en marchés publics par un corbeau du SIAAP, la justice administrative, saisie par le préfet de la région Île-de-France, a fini par évincer Suez et Veolia de la course à la reprise de la régie. Décision qui vient tout juste d'être entérinée par le CA du SIAAP le 28 mars : « Le président et le directeur général ont non seulement validé le retour définitif en régie directe, mais ils se sont également engagés à négocier avec les syndicats les meilleures conditions de transfert des 110 salariés en CDI de Sequaris-Suez dans le périmètre du SIAAP, ainsi que nous l'exigions depuis neuf mois », se réjouit la CGT qui voit deux de ses revendications historiques satisfaites : des effectifs en nombre suffisant pour la bonne exploitation de l'usine d'épuration et la réinternalisation d'activités abandonnées par pans entiers aux exploiteurs privés successifs de la régie. « Nous avons aussi demandé du temps pour permettre à nos futurs collègues de se familiariser avec les valeurs et la culture du service public et la mise en place d'une commission de suivi de leur intégration », précise Didier Dumont. Après une privatisation échouée en eaux troubles, un baptême réussi en eaux claires.