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Sidérurgie

« Construire l’unité au plus haut niveau »

5 octobre 2012 | Mise à jour le 9 février 2017
Par | Photo(s) : DR

Jacques Laplanche est secrétaire du comité d'entreprise européen (CEE) d'ArcelorMittal et membre de son comité restreint.

NVO : pourquoi un CEE chez ArcelorMittal ?

Jacques Laplanche : rappelons-nous que ArcelorMittal, premier sidérurgiste mondial, reste un groupe principalement européen avec, notamment, la présence de vingt-cinq hauts-fourneaux sur le territoire européen. Sa stratégie, lorsqu'il s'agit de fermeture de sites comme à Madrid ou au Luxembourg, de plan de suppression d'emplois comme en Pologne et en République tchèque, de plan de départs volontaires ou d'externalisation de services, répond à une logique globale.

Le comité d'entreprise européen (CEE) d'ArcelorMittal n'est pas une instance de négociation, et ne doit pas l'être : c'est là le domaine des organisations et des fédérations nationales et, en outre, il n'existe pas de code du travail européen. Il est par contre une instance d'information et de consultation dont la compétence touche aux questions économiques et sociales de nature stratégique et transnationale lorsque ces dernières concernent le groupe ArcelorMittal, ou au moins deux entreprises situées dans deux États membres de l'Union européenne, ou encore lorsque les pouvoirs excèdent des instances de décision dans un seul État membre et affectent considérablement les intérêts des travailleurs.

C'est le cas à Florange dont l'activité est intégrée à une zone qui regroupe des sites situés à Dunkerque et Liège – dont la fermeture est annoncée –, en Allemagne et au Benelux. L'enjeu est donc bien réel de disposer d'une telle instance.

Savoir défendre les intérêts des Arcelor Mittal ici et ailleurs

Comment une instance européenne telle que le CEE d'ArcelorMittal peut intervenir à l'échelle d'une entreprise ? Quels sont ses outils ?

Si le comité peut paraître éloigné des problématiques de terrain, il est a contrario proche du lieu des décisions du groupe. Il doit être, à ce titre, appréhendé comme un complément à l'action des autres instances : fédérations nationales, confédérations européennes. Un article précise en effet que, « en cas d'application nationale d'une décision transnationale, la bonne information-consultation des représentants du personnel conduira les parties à rechercher la concomitance de la saisine des instances nationales et européennes ».

Le CEE est également un outil utile à une construction de l'unité au plus haut niveau, grâce à son fonctionnement collégial : 108 personnes, titulaires et suppléantes, pour le groupe salarial et 25 pour le comité restreint représentent les salariés de neuf pays. Il crée aussi de nouvelles passerelles avec les représentants syndicaux, grâce à l'animation de quatre groupes de travail permanents notamment : « formation professionnelle et employabilité », « santé-­sécurité », « emploi et restructurations » et « communication ». Par la diversité de ses membres, par l'élargissement de son champ d'intervention, le CEE est un lieu d'échange et un outil au service de tous les salariés d'ArcelorMittal en Europe.

Comment le CEE parvient-il à concilier les points de vue de militants dont la culture syndicale, les pratiques, la réalité sociale et économique sont différentes ?

Le rôle du CEE consiste à construire le meilleur dialogue social possible, dans l'intérêt des salariés et pour construire un rapport de force à l'échelon européen. Il vise également à recueillir les meilleures informations possibles, en amont lorsqu'elles concernent de futures restructurations, pour contrer les stratégies patronales et être force de proposition, par exemple en faveur d'une alternative industrielle. La publication de déclarations et d'avis communs requiert écoute et tolérance, et un investissement personnel qui se nourrit d'expériences acquises sur le terrain.

La CGT a longtemps souffert de ne pas être écoutée, au point que j'ai pu me sentir un peu livré à moi-même au début, mais la recherche de l'unité est un travail de fond. Je l'ai pris à bras-le-corps grâce aussi, à l'époque, à l'appui de la Fédération européenne de la métallurgie et au gros travail de formation initié par la Fédération CGT des travailleurs de la métallurgie. Nous y arrivons mais les membres du CEE doivent encore prendre conscience que, lorsqu'ils siègent, ils sont en délégation européenne. Ils devraient représenter les intérêts des salariés d'ArcelorMittal où qu'ils se trouvent en Europe, non pas les intérêts des salariés de leur pays. Le combat pour l'emploi industriel et la conquête de nouveaux droits, dans la droite ligne du 9 octobre, se joue aussi à l'échelon européen. C'est pour cette raison que le CEE d'Arcelor­Mittal est partie prenante de cette mobilisation.

 

La fédération européenne de l'industrie, IndustriAll, est née au mois de juin de la fusion de trois fédérations syndicales européennes : métallurgie (FEM), Mines/Énergie/Chimie (EMCEF), Textile/Habillement (ETUF-TCL).