Le fascisme ne passera pas ?
Romancier et réalisateur militant, Gérard Mordillat s’engage cette fois-ci dans une bande dessinée dans laquelle, en compagnie de Sébastien Gnaedig, il suit l’ascension,... Lire la suite
On l'avait cru mort-né. Un miaulement, qui valut à Jean le surnom de « piso » – le chat, en malgache – prouva sa vitalité. Sous le tamarinier de Betioky conte l'histoire de ce musicien typique de Madagascar.
Au milieu des instruments traditionnels malgaches – valiha, kabosy, antsiva, sodina –, l'accordéon témoigne de la colonisation française. Les musiciens malgaches se sont néanmoins approprié le piano du pauvre avec une belle aisance, l'intégrant à leur musique.
Tout jeune, entre deux sottises et quelques bagarres, Jean Piso est fasciné par l'accordéon de l'oncle Kopakopa, qu'il lui est défendu de toucher. Mais l'attirance du gamin pour l'instrument est si forte qu'il « l'emprunte » à l'oncle et charme de morceaux improvisés les zébus dont il a la garde… son premier public ! Depuis, l'accordéon ne l'a plus quitté.
Pour son premier essai en bande dessinée, la carnettiste et illustratrice Geneviève Marot – l'une des fondatrices des Carnettistes Tribulants – a mis en images les souvenirs de Jean Piso, artiste emblématique de la Grande Ile, qu'elle a accompagné lors d'une tournée du groupe Ny Malagasy Orkestra.
Avec finesse et humour, Sous le tamarinier de Betioky nous relate le quotidien d'un gosse issu d'une famille très modeste des environs de Tuléar, croqué avec drôlerie et tendresse, nous dévoilant au passage un peu de la vie d'un village malgache.
Sous le tamarinier de Bétioky. De Geneviève Marot.
Éditions La Boîte à bulles. Collection Hors-Champ. 128 p., 22 €.
Quatrième aventure de l'élégante série « Holmes » de Luc Brunschwig et Cecil, La dame de Scutari met les femmes à l'honneur et plonge dans la réalité sociale londonienne de la fin du XIXe siècle. Entre son rôle de mère et celui d'infirmière pendant la guerre de Crimée, Violet Holmes choisit la seconde option.
Délaissant ses deux fils, Mycroft et le tout jeune Sherlock, elle rejoint la célèbre infirmière Florence Nightingale, gloire nationale anglaise, pour soigner les blessés. Le jeune docteur Parks officie alors sur le champ de bataille où certains de ses patients apparemment guéris décèdent d'une manière mystérieuse.
Des années plus tard, le même médecin doit témoigner lors du procès d'une supposée « empoisonneuse » de l'East End londonien. Il révèle alors qu'il existe un lien inattendu entre les deux affaires.
Si cet épisode de la crépusculaire série de Brunschwig et Cecil s'éloigne un peu de son thème central – qui est d'élucider le mystère de la disparition de Sherlock Holmes aux chutes de Reichenbach –, c'est pour mieux ramener le lecteur vers les racines de la personnalité du héros de Conan Doyle. Un album brillant ou dessin et scénario rivalisent de classe.
La dame de Scutari, de Luc Brunschwig et Cecil. Éditions Futuropolis. 48 p., 13,50 €.
Dans un beau-livre sobrement intitulé Tignous, Chloé Verlhac, la femme du dessinateur, a rassemblé dessins et textes de personnalités en hommage au dessinateur, disparu dans l'attentat du 7 janvier 2015.
Il dessinait pour Charlie Hebdo, Marianne et pour beaucoup d'autres… Chez lui, les femmes ont les hanches rondes, les hommes des gros nez et les abjects qui vont des patrons voyous à Sarkozy en passant par les obscurantistes, ne se déplacent jamais sans quelques mouches à merde qui leurs collent aux basques.
Dans Tignous, on retrouve les thèmes privilégiés du dessinateur : les banlieues, les ouvriers, les patrons, le racisme, le FN, les injustices sociales, la Corse, les chasseurs. Son trait drôle, incisif, pointe juste. Sous le stylo, perce sa tendresse pour les damnés de la terre, les laissés-pour-compte, les exploités d'ici et d'ailleurs, les gosses.
Mais le dessinateur sait aussi faire la part des choses. Sans compromis, les fous d'Allah, de Dieu, les dingos du nationalisme, le Français moyen ne jurant que par la consommation ou la télé… en prenaient méchamment pour leur grade. Rien n'échappait à l'œil malicieux de Tignous lorsqu'il croquait l'actualité ou lorsqu'il se faisait chroniqueur judiciaire.
Avec une grande pudeur et un amour qui se lit entre chaque ligne, Chloé Verlhac rappelle combien Tignous était un boulimique de boulot, un passionné de tous les plaisirs de la vie, un père tendre, un mec bien, dont tous ceux qui ont croisé sa route ne peuvent oublier ses réparties, son humour, ses dents du bonheur, ses éclats de rire tonitruants et son goût immodéré pour le chocolat. Un mec bien, on vous dit.
Tignous, de Chloé Verlhac. Éditions du Chêne, 238 pages, 35 €.
Romancier et réalisateur militant, Gérard Mordillat s’engage cette fois-ci dans une bande dessinée dans laquelle, en compagnie de Sébastien Gnaedig, il suit l’ascension,... Lire la suite
Une bande dessinée revient sur l’épopée de Lorraine Cœur d’Acier, radio qui depuis mars 1979 émit pendant 2 ans sur le bassin lorrain. Lire la suite