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S’unir contre la misère

16 octobre 2015 | Mise à jour le 1 mars 2017
Par | Photo(s) : François Phliponeau/ATD Quart Monde
S’unir contre la misère

Le 17 octobre, ATD Quart Monde orchestre la 29e Journée mondiale du refus de la misère. Des initiatives sont prévues un peu partout en France pour promouvoir la fraternité avec les plus pauvres, en allant à leur rencontre.

Ne vous munissez pas de menue monnaie, ni d'un paquet de pâtes pour participer à la Journée mondiale du refus de la misère, ce genre de collecte n'est pas de mise, la récolte est bien autre.

Tenez-vous plutôt prêt à recevoir, en échangeant, en écoutant, en fraternisant avec les plus démunis. Car refuser la misère, c'est avant tout considérer ceux qui la subissent comme des semblables. « Découvrir un peuple là où tout le monde voyait des cas sociaux », déclarait le père Joseph Wresinski. C'est toute la force du mouvement initié en 1957 par lui et les familles du camp de Noisy-le-Grand (93) : dépasser l'idée du bénévolat comme de l'assistanat.

Au sein du vaste réseau d'ATD (« Agir tous pour la dignité ») Quart Monde, point de bienfaiteurs mais des alliés, point de mendiants, mais des militants.

UN MOUVEMENT DE LIBÉRATION

Bruno Tardieu, délégué national de 2006 à 2014, dans Quand un peuple parle (1) – ouvrage indispensable pour comprendre la singularité comme l'impact d'une telle démarche –, explique : plus qu'une ONG, ATD Quart Monde est « un mouvement de libération : libération des sentiments d'infériorité et de supériorité, libération pour que les humiliés par la misère puissent reprendre leur juste place dans l'histoire des hommes et leur avenir ».

Libération des sentiments de gêne ou de rejet des « inclus » qui, en s'alliant aux « exclus », honorent non seulement les droits de l'homme, mais en prennent de la graine. Pour Bruno Tardieu, « la misère n'est pas seulement le problème de ceux qui la vivent, elle corrompt la société ». Et si l'on veut lutter pour une société plus juste, il faut partir de l'expérience des plus pauvres. C'est cette dernière qui produit des savoirs nouveaux, notamment lors des universités populaires d'ATD Quart Monde.

Comme le résume Roger Russel, un de ses délégués, qui a repris courage grâce au mouvement : « J'ai compris que les plus pauvres étaient des témoins de tout ce qui ne va pas dans la société, mais tellement étouffés qu'ils ne peuvent plus parler. »

Alors, justement, ce 17 octobre est l'occasion de leur tendre le micro un peu partout dans le monde et en France (2). Ainsi, si vous êtes à Caen (14), soyez à leurs côtés pour franchir le seuil de l'hôtel de ville afin que leur parole soit entendue par tous, élus comme simples citoyens. À Paris comme à Tours (37), Dôle (39) ou Roubaix (59), les échanges seront nombreux pour que résonne encore et toujours le message du père Wresinski : « Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l'homme sont violés. S'unir pour les faire respecter est un devoir sacré. »

(1) Quand un peuple parle. ATD Quart Monde, un combat radical contre la misère,
de Bruno Tardieu. Éditions La Découverte, 261 pages, 13,50 euros.

À noter que le numéro de novembre de la « NVO » publiera un grand entretien avec l'auteur.

 

(2) Retrouvez tous les rendez-vous et renseignements