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Tembec-Tartas “la papète” envoie toujours du bois

1 avril 2015 | Mise à jour le 14 mars 2017
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Tembec-Tartas “la papète” envoie toujours du bois

L'usine des Landes aurait dû fermer en 1994. Le comité d'entreprise, la CGT et les salariés mettent le holà, soutenus par la population du pays tarusate. Projet industriel et revendications sociales contredisent cette année-là la logique comptable de la filiale.

Vingt et un ans plus tard, « la papète » fume encore.

UNE CULTURE REVENDICATIVE

C'est le lieu où l'on cause. Le local du comité d'entreprise vit toujours au rythme d'un va-et-vient permanent. Les militants de la CGT Tembec-Tartas et les salariés ne poussent plus la porte pour assister aux commissions syndicales mobilisées pendant 131 jours, de janvier à mai 1994, pour dire non à la fermeture de l'usine. Chacun vient pour un moment de fraternité ou une réponse. La vie syndicale reste une affaire sérieuse. Les discussions s'enchaînent autour d'un café, ou par-dessus le comptoir de l'accueil. Certaines méritent une révision, version coût du capital, donnée au feutre Velleda à même le tableau. « Notre principale bataille demeure celle du projet industriel », affirme Jean-­Marie Castets. Le délégué syndical fait partie des 80 salariés, encore en activité, qui ont animé la lutte contre la fermeture du site il y a 21 ans : « On peut s'appuyer sur une culture revendicative solide, basée sur la solidarité, précise-t-il. Aussi sur un rapport de force très favorable à la CGT. » Le recours à l'expert-comptable, lui aussi ancré dans les mœurs du syndicat, fournit également le grain à moudre face à la direction : « On a toujours défendu les investissements stratégiques, et on le fait encore, témoigne Alain Scaline, le secrétaire du comité d'entreprise. Cette revendication a permis de réussir la diversification de la production à l'issue du conflit, en 1994 ; même si aujourd'hui, tandis que les concurrents nord-américains, brésilien et scandinave arrivent sur le secteur, on vivote sans réelles perspectives. Les gros investissements sont réalisés au Canada, pas ici. » L'usine se porte bien toutefois : Tembec-­Tartas bat des records de rentabilité et affiche des marges indécentes. Sans elle, le groupe canadien ne serait pas viable.

LE BOIS, FILIÈRE D'AVENIR

Mais le site ne doit pas s'écarter du chemin de l'innovation qu'il a emprunté dès 1994. Il a encore besoin d'intelligence, destinée notamment à nourrir les travaux du centre de recherche basé à Draguignan (83). Objectifs ? Développer de nouveaux types de production de cellulose encore plus pure, valoriser les déchets issus de la transformation du pin maritime. L'usine landaise connaît ses atouts : au site le savoir-faire et les compétences, aux militants les idées. Elle dispose également d'une autre ressource, renouvelable par nature : « La forêt d'Aquitaine, le plus grand massif artificiel d'Europe, constitue une réserve de matière première importante pour le territoire, explique Valérie Paulet pour le comité régional CGT. Le bois pèse fortement sur l'économie et les emplois dans la région. La filière fait travailler 13 250 établissements et 38 000 Aquitains, dont 29 000 sont des salariés. Elle a un avenir que l'on défend avec le Centre d'études et de recherches sociales d'Aquitaine (Cérésa) notamment, et plus particulièrement depuis trois ans. Des cahiers de revendications ont vu le jour. Des propositions émergent. Des convergences naissent. »

L'argument fait écho aux propos des militants de Tembec-Tartas. Guy Delmas est l'ancien secrétaire du comité d'entreprise qui a mis en échec le projet de fermeture de l'usine en 1994. Le retraité, rangé de la cellulose en 2008, extirpe des archives une brochure d'une quinzaine de pages. Le sommaire, édité en 1987 par la CGT de l'usine, traite des atouts et des handicaps du site, aussi de propositions de développement : « On avait déjà anticipé la pénurie du pétrole et le manque à venir de ses produits dérivés, dit-il. On savait déjà que la cellulose faisait partie des solutions et que le pin maritime, par ses spécificités et la qualité de son essence, répondait aux enjeux futurs et désormais connus de l'économie, de l'emploi et du développement durable. » Lorsqu'ils reprennent l'usine, en 1994, les Canadiens suivent les salariés et leurs représentants. La fabrication de ouate de cellulose s'ajoute aux productions de papier kraft et de carton ondulé. Elle permet à l'usine de Tartas de s'installer sur des marchés de niche, à forte valeur ajoutée (alimentation, pharmacie et parapharmacie, peinture, textile, etc.), et de recruter en moyenne dix personnes par an depuis vingt et un ans.