Hôtels-cafés-restaurants : les salariés ne demandent pas la mendicité
Passer la patate chaude aux clients et consommateurs, en les incitant à laisser des pourboires « défiscalisés » via un moyen de paiement électronique pour compenser les très faibles rémunérations des salariés du secteur, une humiliation de plus pour ces travailleurs qui ont été parmi les plus impactés par la crise sanitaire (établissements fermés, perte de salaire, confinement, pass sanitaire obligatoire…).
On savait déjà que les employeurs des HCR étaient peu enclins à sortir leur chéquier pour mieux rémunérer leurs salariés, ce qui a inéluctablement conduit de très nombreux professionnels qualifiés du secteur à déserter et tourner le dos à ces métiers aux conditions de travail d'un autre âge qui n'ont guère évoluées depuis l'époque des Thénardier…
L'augmentation automatique du Smic de 2,2 % (1 589 € brut mensuel) au 1er octobre 2021 ne suffira pas à enrayer la pénurie de main-d'œuvre, qui s'élève dorénavant à plus de 150 000 postes vacants depuis la réouverture des bars et restaurants en juin dernier.
La recette est pourtant simple : revaloriser la grille de salaire HCR (dont les minimas sont actuellement 41 € en dessous du SMIC avec écrasement des progressions !) sans délai pour redonner enfin du sens et de la reconnaissance à ces métiers.
La fédération CGT commerce et services, 1re organisation syndicale représentative du secteur, ne demande pas la mendicité pour ces travailleurs, mais des augmentations de salaire réelles et conséquentes :
- 2 000 € brut mensuel pour les minimas conventionnels.
- un 13e mois pour tous et toutes.
- une prime de coupure.
- la majoration des heures supplémentaires de la 35e heure à la 39e de 15 % (10 % actuellement).
- la majoration des heures de travail de nuit et de weekend.
- instauration d'une prime d'ancienneté conventionnelle.
Les employeurs du secteur annoncent déjà la couleur face à la bataille revendicative que mènera la CGT lors des futures négociations salariales dans les HCR :
« Le social c'est aussi de l'économie, et ce n'est pas parce que le secteur a eu des aides qu'il doit y avoir des compensations ! ».
Propos en totale contradiction avec ceux tenus par la ministre du Travail lors de la réunion de travail qui s'est déroulée avec les interlocuteurs sociaux du secteur le 17 septembre 2021 : « Ces négociations doivent être dynamiques et ambitieuses avec une obligation d'aboutir ».
« Doit être pris en compte les impératifs de la vie personnelle des salariés (travail du dimanche, coupure…), la crise leur a rappelé qu'ils avaient une famille ».
Pieuses paroles du ministère, qui prouve une fois de plus que la crise sanitaire a joué un rôle révélateur aux salariés des HCR, car la passion de ces métiers ne suffit plus sans une augmentation immédiate et conséquente des salaires, ainsi que la juste reconnaissance des acteurs de la profession.