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Tristes, sidérés et déterminés

Marie Buisson
21 octobre 2020 | Mise à jour le 22 octobre 2020
Par | Secrétaire générale de la FERC

Depuis vendredi soir 16 octobre, nous sommes tristes, sidérés et déterminés à défendre notre école et nos libertés. Tristes pour Samuel Paty, ses proches, ses élèves, ses collègues du collège du Bois d'Aulne et toute la communauté éducative.

Sidérés face à l'irruption de la violence meurtrière contre un homme, un enseignant d'histoire géographie dans l'exercice de son métier.

Déterminés à défendre nos libertés, la liberté pédagogique qui permet aux enseignant.es de choisir la façon dont ils et elles enseignent, et toutes les autres libertés. L'Éducation nationale détermine des programmes nationaux qui cadrent les notions et les connaissances à transmettre par niveau d'enseignement mais ensuite chaque professeur.e choisit les supports qui semblent les plus adaptés à ses élèves.

C'est cette capacité à créer des supports de cours, à réfléchir aux divers moyens de faire passer des notions, de mobiliser l'attention qui constituent le cœur des métiers de l'enseignement. La liberté c'est celle aussi d'exprimer des désaccords avec les réformes et les conditions de travail, de porter le projet d'une école gratuite, laïque et ouverte, accessible à tous les enfants sur tout le territoire et nous y sommes très attachés.

Les enseignant.es ne sont ni des fainéants ni des héros, mais simplement des travailleurs et des travailleuses qui veulent exercer leur métier. Contrairement à ce que l'on entend souvent l'école n'est pas un sanctuaire, elle se trouve au contraire au milieu de la société. Elle est en permanence traversée par les tensions sociales, politiques, idéologiques que subit notre société, les personnels et les élèves sont en but à ses tensions et doivent y faire face à l'école comme ailleurs.

On ne peut pas demander à l'école de résoudre à elle seule les problèmes des inégalités sociales et du chômage, du racisme, de l'intolérance et de la xénophobie, c'est l'affaire de toutes et tous. L'école évidemment apporte sa pierre pour promouvoir le débat plutôt que la violence, la connaissance de l'autre plutôt que son rejet. Elle le fait dans le cadre d'une organisation fixée par les ministres successifs et les lois de la République. Mais elle le fait aussi au quotidien par l'inventivité, l'investissement et la détermination de ses personnels.

En cours d'histoire ou d'éducation civique mais aussi en sciences, en sport, à la documentation, à la vie scolaire, les personnels, avec leurs élèves, inventent chaque jour collectivement dans les milliers d'écoles, collèges et lycées des modes de fonctionnement et d'apprentissages. C'est souvent réjouissant, parfois décourageant, mais c'est cette intelligence individuelle et collective qui est efficace.

Si le cours parfait ou la méthode d'apprentissage absolue existait, il aurait été mis en place depuis bien longtemps, mais le travail de la recherche a démontré que la pédagogie n'était pas une science exacte. La crise sanitaire et l'école à distance ont administré la preuve que s'assoir devant un écran pour y lire ou y écouter des connaissances n'était pas un processus d'apprentissage viable.

Il faut donc donner les moyens et la possibilité aux équipes des écoles et établissements pour mettre en œuvre les programmes nationaux et former les élèves et les jeunes. Former n'est pas formater mais c'est transmettre des connaissances, susciter des débats, développer son esprit critique. C'est le moyen de s'émanciper, penser, confronter ses points de vue, défendre ses idées et aussi les remettre en cause.

C'est le travail des personnels de l'Éducation, c'était celui de Samuel Paty et nous restons mobilisés pour le défendre et l'améliorer.

 

Marie Buisson est professeure de Lettres-Histoire en lycée professionnel