28 mai 2019 | Mise à jour le 29 mai 2019
Un an après la réforme ferroviaire, les syndicats de cheminots – CGT, CFDT, Sud Rail et UNSA ferroviaire – lancent un appel unitaire à la grève et à la manifestation pour dénoncer une mauvaise réforme pour les usagers, le service public et les cheminots. Ils tenaient une conférence de presse le 28 mai.
Comme il y a un an, lors du plus long mouvement social qu’ait connu la SNCF, ils sont à nouveau alignés tous les quatre. Le 28 mai, lors du conférence de presse au siège de la CGT à Montreuil, les syndicats CGT, CFDT, Sud Rail et UNSA ferroviaire ont lancé un appel unitaire à la grève et à la manifestation nationale, le 4 juin, à Paris, place d’Italie, pour dénoncer « une mauvaise réforme pour les usagers, le service public et les cheminots ».
« Ce que nous suspections au travers du texte de loi en 2018, et qui avait déjà motivé une très forte opposition des cheminots, est désormais en train de se réaliser dans toute la violence sociale que cela représente pour les cheminots et les usagers », a entamé Laurent Brun, secrétaire général des cheminots CGT, première organisation syndicale, qui compte sur une forte mobilisation de ses troupes. Et de brosser à grands traits le sombre tableau économique et social de la situation de l’entreprise et des agents.
Pour la CGT, la coupe est pleine…
Le leader des cheminots CGT a ainsi égrainé « l’absence d’amélioration en matière de financement malgré des annonces de désendettement du système, laissant craindre que les variables d’ajustement soient toujours les mêmes : les fermetures de lignes et productivité ou emplois des cheminots. […] Rien de nouveau non plus sur la question de l’amélioration de qualité du transport pourtant promise par la réforme ». Quant à l’impact des trois mesures concrètes du pacte ferroviaire, « rien n’est au rendez-vous ». L’ouverture à la concurrence ? « Il est confirmé qu’elles ne servent qu’à justifier les baisses de contributions publiques des conseil régionaux et cela s’est vu dans les dernières conventions TER signées. » Le transport de marchandises ? « C’est le bord du gouffre après 13 ans de ce régime et ce qui nous est proposé est d’y sauter à pieds joints. » La transformation des EPIC (établissement public industriel et commercial) en S.A (société anonyme) ? « Cela se fait sans respecter les promesses puisque l’unicité n’est pas sauvegardée. C’est même une atomisation en de multiples filiales de second rang, et la garantie 100% public est déjà écornée. » Enfin, la fin du recrutement au statut ne laisserait place à aucune réglementation de haut niveau « puisque le patronat des transports refuse une convention collective nationale de qualité et que le gouvernement se prépare à l’échec des négociations et à rédiger lui-même une CCN de bas niveau ; certaines portions du réseau pouvant même être exploitées sous le régime d’autres conventions collectives ».
L’unité syndicale
Après les 36 jours de grève unitaire contre la réforme au printemps 2018, puis la bataille électorale lors des élections professionnelles de l’automne, CGT, UNSA, SUD et CFDT sont apparues unies derrière l’appel à la mobilisation le 4 juin. Chacun a donné son analyse.
Roger Dillenseger, secrétaire général de l’UNSA ferroviaire fait le constat d’une « impréparation totale ». Il pointe la première réunion, le 3 juin, un an après l’adoption du projet de loi, de l’« observatoire de la transformation sociale » à laquelle sont invitées les organisations syndicales. « Les cheminots savent ce qu’ils ont perdu et ne savent pas où ils vont. La direction nous rassurait en disant “ça ne changera pas”, et en fin de compte, tout va changer. » Et de pointer une segmentation qui ne sert qu’à mesurer la pertinence économique de chaque activité. Résultat ? « Train auto : dernière circulation le 14 décembre 2019 ; train de Rungis : jusqu’à fin 2019… Combien va-t-on encore perdre de fleurons de ce qu’a été le ferroviaire français? […] Tout cela va a contrario d’un service public du ferroviaire. »
Les cheminots en souffrance
Quant à l’amélioration du service aux usagers promise par la réforme, « les petites lignes sont en danger dans l’ensemble des régions, on a supprimé depuis un an plus de 1000 postes dans les gares, les guichets, on ferme des gares au service, liste Erik Meyer, secrétaire fédéral de SUD-Rail. Le bilan du pacte ferroviaire, qu’il soit économique, social ou en termes de service public, est mauvais . […] Les cheminots souffrent, et ils ont besoin d’exprimer cette colère le 4 juin ». Et de pointer un contexte de restructurations permanentes qui engendre « une véritable souffrance des salariés qui est très dure, limite toxique » et même de faire « le parallèle avec le procès Lombard et ce qui se passe à Orange », en référence à la vague de suicides de salariés chez France Télécom, il y a dix ans.
« Nous avons à la SNCF les mêmes ingrédients que ce qui s’est passé à Orange dans le cadre des RPS [risques psychosociaux, NDLR] », a insisté Didier Aubert, secrétaire général de la CFDT cheminots, qui a dénoncé une « situation sociale alarmante » due à des « réorganisations incessantes ». Quant au dialogue social dans le cadre des négociations avec la branche ferroviaire, il « n’est possible que s’il y a la confiance […] or, ce n’est pas sincère ».