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THÉÂTRE

Un « Richard III » grandiose

10 juillet 2015 | Mise à jour le 6 mars 2017
Par | Photo(s) : Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon
Un « Richard III » grandiose

Le metteur en scène allemand Thomas Ostemeier et sa troupe se sont emparés de « Richard III » de Shakespeare. Un spectacle rare, qui affichait complet dès les premières représentations. Heureusement, Arte le diffuse en direct, le 13 juillet, à 22 h 45. Régalez-vous !

Dès le départ, ça pétarade sec. Les comédiens débarquent du fond de la salle pour envahir le plateau et faire sauter les bouchons de champagne. Le batteur Thomas Witte joue en contrebas un rock endiablé, tandis que des bombes de cotillons multicolores explosent et envahissent la salle. Nous sommes au XVe siècle, la Couronne fête ses récents succès militaires. Cette énergie folle, qui donne le coup d'envoi de « Richard III », de William Shakespeare, monté par Thomas Ostemeier, ne faiblira pas deux heures et demie durant.

UN ÊTRE DIABOLIQUE

Comme souvent chez le dramaturge anglais, nous voilà spectateurs des déchirements familiaux, des bassesses, des grandeurs comme des complots, avec l'histoire en toile de fond. « Richard III », une des premières pièces écrites par Shakespeare, met en scène un être diabolique : Richard, frère du roi Édouard, qui va tout dézinguer sur son passage — ennemis, proches, parents — pour s'emparer du trône. Le metteur en scène allemand Thomas Ostemeier et sa troupe, la Schaubühne, nous livrent une version punk de la tragédie shakespearienne. Une démesure fabuleuse où la maîtrise excelle. À commencer par le jeu exceptionnel de Lars Eidinger dans le rôle-titre. Boiteux et bossu, il incarne un Richard monstrueux, par son physique et sa cruauté. Une haine poussée au paroxysme envers les autres comme envers lui-même, qui suinte de bout en bout du spectacle.

Les trouvailles scéniques, comme ce micro éclairé dans lequel Richard déverse son fiel, ou costumières, telles le corset et la minerve qui l'enserrent, viennent appuyer la figure du monstre. La langue allemande (la pièce est surtitrée) et la musique qui claquent nous plongent entièrement dans la tragédie. Au final, Richard III couronné livre l'ultime bataille — dont la fameuse réplique « Mon royaume pour un cheval » — et finit ensanglanté, pendu par un pied. Comme un écorché de Francis Bacon.

Ce spectacle rare fera date. Surtout, ne le manquez pas en direct sur Arte, lundi 13 juillet, à 22 h 45 et disponible ensuite sur Arte Concert.

« Richard III », mis en scène par Thomas Ostemeier.