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Marches pour le climat

Une « force immense » pour une écologie populaire

12 mai 2021 | Mise à jour le 17 mai 2021
Par | Photo(s) : Bapooshou
Une « force immense » pour une écologie populaire

Marche pour le Climat, Paris 9 mai 2021

Dimanche 9 mai, quelque 150 marches pour le climat ont parcouru l’Hexagone. À Paris de République à Bastille, 56000 manifestants de tous bords défilaient sous le soleil parisien, pour lutter contre la tiédeur de la Loi Climat. Parmi les principaux initiateurs du mouvement, le collectif Plus jamais ça ! (CGT, Attac…) associe urgence climatique et urgence sociale.

Dimanche 9 mai, place de La République, au départ de La Marche d'après, manifestation pour le climat. Sous un soleil de plomb, François, tenue Léopard d'exilé des Bahamas, cigare aux lèvres, et sa compagne Evelyne, colliers bling bling sur chemise en or qui brille, arborent cette pancarte : « Les riches avec Macron contre le climat ! ».

« Nous sommes ici pour défendre la classe dirigeante, ces 1% qui se déplacent en SUV, prennent l'avion pour un rendez-vous d'1 heure, et dont les économies fructifient à l'abri dans les paradis fiscaux », ironisent-ils. À leurs côtés, un énorme serpent Kaa, à tête de Macron, dissimule dans ses anneaux le nom de ses lobbyistes préférés : Facebook, Google, McDonald… Colorée, avec des manifestants déguisés en arbres fleuris, en gorilles décimés ou en Rockefeller, au son des batucadas et des fanfares, la manifestation, de République à Bastille, se distingue par sa bonne humeur et ses slogans choc : « Les bronzés ne feront plus de ski », « recyclons le capitalisme », « moins de banquiers, plus de banquises », « sauvons la biosphère, mangeons des actionnaires ! »…

Mais aussi des messages d'espoir, telle cette pancarte récurrente : « ensemble, nous sommes une force immense ».
Car pas moins de 56 000 manifestants – familles, lycéens, séniors, personnalités politiques et syndicales. et plus de 600 organisations – ont battu le pavé parisien. Derrière l'atmosphère joyeuse, tous expriment leur sentiment d'urgence à la fois climatique et sociale… Derrière sa bannière, l'un des principaux instigateurs du mouvement, le collectif « Plus jamais ça ! », créé en janvier 2020 par huit organisations (Attac, CGT, Confédération Paysanne, Oxfam, Greenpeace, FSU, Solidaires, Les Amis de la Terre), suivis d'une quarantaine de partenaires, porte cette parole.

Emploi et climat, une « évidence »

Ce jour, la promesse présidentielle d'un référendum pour inscrire la lutte contre le changement climatique dans la Constitution, paraît compromise, car rejetée par le Sénat. Tous dénoncent le nouveau recul d'un exécutif à la solde du capital, déjà coupable d'avoir rejeté la plupart des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat, composée de 150 citoyens tirés au sort.

C'en est trop pour Aurélie Trouvé, porte-parole d'Attac : « La Loi Climat (adoptée en première lecture le 4 mai à l'Assemblée, ndlr) se voit vidée de sa substance ! Alors que Joe Biden investit massivement dans la transition écologique, Macron continue de faire le jeu des multinationales, en ne s'attaquant que modestement aux gros pollueurs industriels, ou au transport aérien. Nous avons pourtant une carte à jouer avec des reconversions et des créations d'emploi dans les énergies renouvelables, le ferroviaire, la fonction publique ! »

Non loin, Philippe Martinez, évoquant une « loi alibi », abonde : « Pour la CGT, combats sociaux et écologiques se conjuguent avec évidence ! Plus on casse l'emploi, et plus on détruit la planète avec des délocalisations, etc. La séparation supposée des deux champs ? Une fable véhiculée par le Medef pour nous diviser. »

Pas de transition sans ou contre les travailleurs

Secrétaire générale de la Ferc-CGT, Marie Buisson renchérit : « Nous devons faire évoluer nos productions, mais ces transitions ne se feront ni sans, ni contre les travailleurs. »« Social et écologie : deux faces d'une même médaille », confirme-t-on dans les rangs de Solidaires. Et tous de citer les combats récents menés par le collectif : la raffinerie de Grandpuits, en quête de projets alternatifs ; et la dernière usine de recyclage de papier en France, la chapelle Darblay, menacée de fermeture.

Pour la Confédération Paysanne, aussi, social et écologie marchent de pair. Une idée forte, portée par l'organisation depuis sa naissance, il y a trente ans, explique son porte-parole Nicolas Girod : « Les conditions de travail des paysans se trouvent intimement liées à la production d'une agriculture « paysanne », locale, verte. Et puis, le respect des agriculteurs et de leurs produits peut, par ruissellement, améliorer les conditions de travail des salariés de la grande distribution. »Pour Khaled Gaiji, à ses côtés, président des Amis de la Terre, « la transition écologique ne peut être amorcée si elle est injuste ».

Ainsi dénonce-t-il la Taxe carbone, étincelle du mouvement des Gilets jaunes, inique car elle s'attaque aux plus précaires. Dans le cortège, Clément Sénéchal, porte-parole climat de Greenpeace brandit sa pancarte : « Stop au climato-cynisme ». « Je dénonce les mensonges de nos gouvernants quand ils prétendent prendre à bras le corps la question du climat, s'insurge-t-il. Quel décalage entre les discours et la réalité ! Bien sûr, la question climatique repose celle de l'égalité entre citoyens. Nous ne pouvons pas avancer sans la classe ouvrière ! »

Une écologie de combat

Dans les rangs de Plus jamais ça ! défilait également l'Unef, qui demande au gouvernement d'élargir la palette de formations universitaires concernant l'écologie.

Le cortège marche sur Bastille, sous la tempête qui se lève. Sur scène, concerts et discours se succèdent, galvanisant cette « force immense », convoquant cette réalité palpable d'une « écologie de combat », loin d'une « écologie de slogan » : une écologie désormais sociale et populaire.

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