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AGRICULTURE

Vendangeurs saisonniers en mal d'hébergement

22 août 2022 | Mise à jour le 22 août 2022
Par | Photo(s) : Olivier CHASSIGNOLE / AFP
Vendangeurs saisonniers en mal d'hébergement

Les vendangeurs se rassemblent car ils ont été exclus des zones d'hébergement et ont trouvé refuge en bordure d'un vignoble pour s'installer après leurs journées de travail, à Banyuls-sur-Mer, dans le sud-ouest de la France, le 12 août 2022.

A Banyuls-sur-Mer (Pyrénées Orientales), la CGT se mobilise auprès des vendangeurs saisonniers contraints de loger dans des campements de fortune. Le syndicat demande en urgence la mise à disposition d’équipements municipaux. Pour l’heure, la mairie, la préfecture et les employeurs se renvoient la balle.

« Il y a deux Banyuls : le Banyuls touristique, riche et aseptisé, et le Banyuls des invisibles, celui des vendangeurs saisonniers relégués hors du centre-ville car considérés comme marginaux. Pourtant, si le vignoble est réputé, c’est un peu grâce à nous qui ramassons le raisin », s’indigne Peppe. Pour sa troisième saison sur la Côte Vermeille, le sicilien est contraint de camper dans les vignes, faute d’hébergement décent mis à disposition. Une centaine de saisonniers originaires d’Espagne et d’Italie travaillent dans ces vignes en terrasses, vendangées traditionnellement à main nue.

Privés d’un hébergement décent

Plusieurs font du camping sauvage dans les montagnes environnantes, dorment dans leur voiture ou leur camping-car, privés d’eau et d’électricité. « Quand la Tramontane souffle, c’est dur. Certains ont bricolé une douche avec un bidon de 10 litres. Moi, je peux faire ma toilette chez mon employeur. On va recharger nos téléphones sur la place du marché. Mais on est régulièrement persécuté par les gendarmes qui tailladent nos tentes, nous mettent à l’amende pour camping sauvage », raconte Peppe, joint au téléphone.

Certains ont bricolé une douche avec un bidon de 10 litres. Peppe, vendangeur saisonnier

Venu de Barcelone, José lui, dort dans son camping-car et se lave dans les douches mis à disposition par son employeur. Jusqu’en 2018, les saisonniers pouvaient loger sous des tentes au camping municipal de Banyuls sur Mer, pris en charge par les employeurs. Il y a trois ans, le maire Jean-Michel Solé (sans étiquette, tendance divers droite proche de la Macronie) leur a refusé l’accès, en tenant des propos discriminatoires.

A leurs côtés, la CGT se mobilise pour remédier à un problème récurrent d’hébergement, qui explique pour partie les difficultés de recrutement de saisonniers. Tous les étés, le syndicat mène par ailleurs une caravane des saisonniers pour les informer de leurs droits. « Les vendanges démarrent précocement cette année et se télescopent avec la saison touristique. Les logements sont rares et hors de prix pour des salariés payés au Smic », constate Karine Tartas, animatrice du pôle revendicatif de la CGT des Pyrénées Orientales. Le maire a refusé de mettre le gymnase à disposition. Il a ensuite refusé de mettre à disposition un terrain alors que les employeurs étaient prêts à financer des locations de sanitaires de chantier ».

La CGT saisit la préfecture des Pyrénées Orientales

Le 11 août 2022, l’Union départementale de la CGT et l’Union locale d’Argelès-Albères Côte Vermeille ont saisi les services de L'État. Dans un courrier adressé au préfet des Pyrénées-Orientales, la CGT rappelle que selon le code de la construction et de l’habitation, les communes ont obligation de conclure avec l'État une convention de logement des travailleurs saisonniers. « On ne peut pas mettre en avant la viticulture, profiter des retombées touristiques de ce vignoble de qualité et mettre à l’écart ceux par qui ce raisin est ramassé, dans des conditions très difficiles, et qui fera la renommée de la ville », écrivent les deux unions CGT. Les syndicats rappellent par ailleurs que « d’autres communes traitent différemment cette situation. Ainsi, la mairie de Cerbère accepte sans problème de réserver des hébergements aux vendangeurs ». Dans un second courrier adressé le 18 août 2022 à la préfecture, la CGT « demande l’intervention de L'État pour l’hébergement des vendangeurs, allant si besoin jusqu’à la réquisition du gymnase de Banyuls ou d’un équipement ou espace aménagé ».

 

Mairie, employeurs et État se renvoient la balle

La CGT sollicite aussi l’organisation d’une table-ronde sur l’hébergement des travailleurs saisonniers dès la rentrée avec les principaux acteurs (État, Pôle Emploi, MSA, chambre d’agriculture, collectivités locales, syndicats d'employeurs et de salariés). En outre, la CGT a fait circuler une pétition auprès de la population qui a recueilli plus d’une centaine de signatures. Pour l’heure, la préfecture, la mairie et les employeurs se renvoient la balle. « Au début, avec un contrat payé au Smic, j’avais l’impression d’être au paradis, comparé à la Sicile où on est payé dans les 30-40 euros par jour. Depuis, j’ai pris conscience de mes droits. Ce que l’on veut, c’est être respecté, être traité sans discrimination et avoir un endroit avec des toilettes, des douches, de l’électricité », conclut Peppe. Ce n’est pas la mer à boire.