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Loi Travail 2

Vers une mobilisation XXL ?

21 septembre 2017 | Mise à jour le 21 septembre 2017
Par | Photo(s) : Daniel Maunoury
Vers une mobilisation XXL ?

Manifestation pour le progrs social, le droit du travail, contre la rŽforme Macron ˆ Perpignan le 12 septembre 2017

Faire du 21 septembre un nouveau temps fort d'opposition aux ordonnances Macron et à la casse du Code du travail est le pari de l'intersyndicale (CGT, Solidaires, Sud et l'Unef).
Il remet ça ! Après sa phrase sur les « fainéants, les cyniques, les extrémistes » lancée à la veille de la manifestation du 12, Emmanuel Macron a donné un entretien à la chaîne américaine CNN, mardi 19 septembre. Il en a profité pour tancer à nouveau les « gens de rien » qui peuplent son pays. « Je crois dans la démocratie, mais la démocratie ce n'est pas la rue », a dit le président de la République, en anglais, of course. Faisant mine de ne pas connaitre les conditions (très) particulières de son élection, il a ajouté : « Si je respecte ceux qui manifestent, je respecte aussi les électeurs français, et ils ont voté pour le changement ». En clair, marchez si vous voulez moi je ne bougerai pas de mes positions idéologiques qui sont ultralibérales. Et ce alors que le lundi 18 septembre, le journal Libération faisait sa une sur ce chiffre éloquent : « 60 % des Français considèrent que les ordonnances réformant le Code du travail vont accroître la précarité des salariés et 68 % qu'elles favoriseront les licenciements », selon le baromètre Viavoice pour le quotidien.

Mobilisations syndicales à tout va

C'est donc dans ce contexte tendu que se préparent de nombreuses mobilisations et déjà celle d'aujourd'hui, 21 septembre à la veille de l'adoption des ordonnances.

Le 21 donc, à l'appel de l'intersyndicale (CGT, Solidaires, FSU, Unef) des manifestations sont prévues partout en France pour protester contre la casse sans précédent des droits des salariés. Si les directions de FO et de la CFDT jouent les timorés et refusent de s'afficher aux côtés de la CGT, une partie de leur base rue dans les brancards. À Force ouvrière, par exemple, quelque 52 UD et 8 fédérations seront de la partie le 21. Quant à la CFDT, sa fédération de la métallurgie veut que la direction confédérale prenne position en faveur d'un appel national à manifester. La CGC proteste, elle aussi, contre le projet d'ordonnances.

2017 ou l'an 1 de la contre-révolution

Après le succès de la première journée de grèves et de mobilisation, la CGT entend bien, elle, parvenir à enclencher un processus de mobilisation pérenne, à même d'amplifier l'opposition à cette loi travail XXL et aux autres réformes à venir. Car, après le Code du travail totalement dénaturé (il protégera plus les employeurs que les salariés), c'est tout le corpus de droits et de protection sociale — le modèle social français issu du Conseil national de la Résistance — qu'a entrepris de défoncer Emmanuel Macron. De l'assurance-chômage à la retraite, de l'accès aux soins à la formation… tout va passer sous le tamis ultralibéral de sa politique.

Une casse sociale d'une telle ampleur semble presque inimaginable. Et pour le moment, la riposte prend la forme de mobilisations successives. On peut légitimement s'interroger sur l'effet mobilisation de cette multiplication des manifestations et des grèves. Même si elles donnent le « la » des mécontentements multiformes qui n'ont que la rue comme moyen d'expression, la stratégie syndicale est à interroger pour construire un mouvement unitaire plus puissant.

Pour l'heure donc, le calendrier même dispersé est bien chargé. Les routiers seront en grève le lundi 25 septembre. La CFDT, la CFTC, la CGT et FO appellent à la grève reconductible et au blocage. Le 26 septembre, le secteur de la psychiatrie se mobilise aussi. Quelques jours après, le 28, les retraités, à l'appel de toutes leurs organisations syndicales, battront le pavé pour défendre leur pouvoir d'achat (leur pension est gelée depuis 2013) et s'opposer à l'augmentation du taux de la CSG, une vraie arnaque pour ces seniors qui ne verront même pas cette hausse être « compensée » par la baisse des cotisations sociales, promises aux salariés.

En octobre, le 10 s'annonce comme une journée historique dans la fonction publique avec un appel à la grève et à la mobilisation de toutes les organisations syndicales, « du jamais vu depuis 10 ans », note avec satisfaction la CGT. Gel du point d'indice, rétablissement de la journée de carence, crainte des 120 000 suppressions d'emplois dans la fonction publique… autant de mesures impopulaires et terriblement injustes qui vont pousser les fonctionnaires à cesser le travail.

Le 13 octobre est une journée prévue de longue date par la métallurgie CGT pour peser sur les négociations de leur convention collective. Pour ce faire, les métallos se donnent rendez-vous à Paris devant le siège de l'UIMM. Ce sera aussi l'occasion pour d'autres branches industrielles (les fédérations CGT de la Chimie et de l'Agroalimentaire) de se joindre au mouvement dans le refus commun de voir s'appliquer les ordonnances Macron (voir l'interview de Frédéric Sanchez dans NVO.fr).

Dans ce calendrier des luttes, notons encore — et pour l'instant — le 7 novembre, journée de mobilisation pour les droits sociaux à l'initiative des organisations de la Confédération européenne des syndicats (CES). À voir ensuite comment faire pour que toutes ses journées de mobilisation professionnelle et interprofessionnelle ne se marchent pas les unes sur les autres et qu'elles puissent converger vers une mobilisation XXL qui serait une réponse à la hauteur des projets destructeurs du gouvernement.

La CGT, qui dès le début est à l'initiative de cette dynamique, est aussi force de proposition. Elle appelle les autres confédérations syndicales à des rencontres débouchant sur d'une journée d'action interprofessionnelle commune.