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SALAIRE

Vidéo - Paroles de manifestants le 27 janvier 2022

28 janvier 2022 | Mise à jour le 31 janvier 2022
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Vidéo - Paroles de manifestants le 27 janvier 2022

Manifestation unitaire pour l'augmentation des salaires, retraites, minima sociaux à Paris, le 27 janvier 2022.

Avec la hausse des prix et la précarité, on ne s'en sort plus. Dans le contexte de la crise du Covid, les conflits éclatent pour les salaires, mais aussi sur l'emploi et pour dénoncer les manques d'effectifs. Un mécontentement multiforme s'exprimait ainsi lors de la manifestation parisienne du 27 janvier 2022.

Avec la journée nationale d'action du 27 janvier 2022, les salaires et le social entrent enfin de plain-pied dans le paysage médiatique d'une présidentielle aux thématiques incroyablement déconnectées du réel. Il était temps au vu de la montée en puissance impressionnante des conflits, petits et grands, dont la NVO se fait l’écho dans les entreprises du public et du privé, et dont l'émergence ne fait aucun doute dans la dernière période. À l'appel des confédérations CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL, quelque 150 000 personnes ont battu le pavé ce jeudi, au gré de 170 rassemblements à travers toute la France. À Paris, le cortège parti de Bastille s'est rendu à Bercy.

Outre les salariés de la santé, de l'éducation, du commerce, de la métallurgie, de l'énergie, des cheminots, etc., on notait aussi dans la manifestation parisienne la présence de jeunes, d'étudiants, ainsi que de retraités réclamant la hausse de leurs pensions, et qui seront à nouveau en action à l'appel de neuf organisations de retraités le 24 mars prochain. D'ici là, il ne fait aucun doute que les luttes vont continuer à se développer un peu partout avec les négociations annuelles obligatoires. Au hasard de la foule, nous avons rencontré quelques manifestants aux profils divers, tous témoins d'un mécontentement sur les salaires mais pas seulement.

« Ils veulent détruire un siècle de conquêtes sociales ! »

Jean-Luc Lecointre, cadre chez Thales à Limours (91), a revêtu une chasuble CGT pour manifester. « Nous sommes en lutte en ce moment chez Thales sur les NAO [négociations annuelles obligatoires, NDLR] pour les salaires. Aujourd'hui, il y a des appels en intersyndicale dans l'ensemble du groupe. La colère est grande sur les salaires, car l'année dernière la direction a pris la crise du Covid comme excuse pour appliquer une politique salariale au rabais. Ce prétexte est totalement fallacieux au vu des dividendes réalisés. Mais en premier lieu, nous voulons dénoncer l'attaque sans précédent qu'est en train d'opérer l'UIMM [le patronat de la métallurgie] sur nos conventions collectives. Si le texte est signé, ce sera un recul sans précédent sur de nombreux acquis : salaires, temps de travail, dépendance, maladie, etc. Ils veulent détruire un siècle de conquêtes sociales. »

« Les AESH subissent mépris et maltraitance »

Protégée par une couverture de survie, Malika Rahmani, AESH (accompagnant d’élèves en situation de handicap) à Romainville (93), ne passe pas inaperçue avec ses slogans affichés dessus : « AESH, stop mépris – maltraitance ». « Quand j'écris “Stop au mépris”, cela veut dire à la fois stop au mépris pour les accompagnatrices des enfants en situation de handicap et pour les enfants eux-mêmes. Nous sommes là pour revendiquer un vrai salaire, un vrai statut,  une reconnaissance et une titularisation sans condition. Nous en avons marre des contrats de deux ou trois ans en tant que contractuels pour l'Éducation nationale. Moi-même, ça fait six ans que je suis dans cette situation et nous voulons un CDI. Nous disons non au Pial [pôle inclusif d'accompagnement localisé]. Ce dispositif ferait que les personnels seraient affectés sur plusieurs établissements avec des contrats mutualisés. C'est-à-dire qu'on va s'occuper pour le même salaire de deux, trois, quatre enfants, et ce, sur plusieurs établissements dans la même journée. Deux heures dans celui-ci, deux heures ailleurs. Ça, c'est une maltraitance aussi pour les élèves en situation de handicap qui changent aussi à chaque fois d'AESH au détriment du suivi. Par ailleurs, certains enfants reconnus handicapés n'ont pas d'accompagnatrice faute de personnel et de recrutement. Pour autant, quand j'entends Zemmour dire qu'il faut mettre tous les enfants handicapés dans des établissements privés spécialisés, je lui dis non ! Un pourcentage oui, mais tous, ce n'est pas la solution. »

« Pour les salaires et en solidarité avec Golle Sylla »

Cédric Martin, secrétaire du syndicat CGT Carrefour Market de Plessis-Robinson (92) distribue dans la manif un tract appelant à un rassemblement devant son magasin le 28 janvier 2022 (à 11 heures) en solidarité avec son collègue Golle Sylla. Après avoir tenté de le faire démissionner, la direction de Carrefour Market a notifié le licenciement de ce travailleur sans papiers présent depuis cinq ans en France et employé Carrefour depuis septembre 2018, au motif qu'il avait utilisé un alias pour se faire embaucher. « On est sorti du magasin pour le soutenir le 6 janvier. Il y a des alternatives au licenciement et nous demandons à la direction qu'elle le réintègre avec la délivrance d'un Cerfa et du certificat de concordance pour le faire régulariser », plaide Cédric. Au-delà de cette situation humaine qui crée beaucoup émoi, Cédric rapporte aussi un état combatif des salariés sur les salaires. Plusieurs actions ont été menées chez Carrefour en décembre, dans la région parisienne, avec pour revendication une augmentation de 300 euros pour tous.

« Assez de maltraitance dans les Ehpad »

Avec son grand sourire et ses longs cheveux, Malika Belarbi, aide-soignante et responsable du Collectif Ehpad Santé CGT aborde un grave sujet d'actualité : « Le livre Les Fossoyeurs décrit bien ce qui se passe sur le terrain dans les maisons de retraite, en particulier dans le privé lucratif. Les soignants y relèvent le problème des conditions de travail et des sous-effectifs, mais aussi du rationnement des patients en alimentation. J'ai récemment interrogé des soignants qui m'ont confirmé ce que rapporte le livre sur la réalité de ce rationnement. Je suis donc là aujourd'hui pour dire qu'il y a une grande sinistralité dans la santé et les Ephad, et qu'avec l'insuffisance de moyens et de personnels, on n'arrive pas à soigner nos patients, c'est dramatique. C'est une grande souffrance pour les soignants qui n'arrivent pas à effectuer leurs missions de soins. Ce sont à la fois nos conditions de travail, mais aussi la prise en charge derrière qui sont dégradées. »

« De plus en plus de mal à s'en sortir »

Portant fièrement des pancartes réclamant le dégel du point d'indice, Pauline, 29 ans, animatrice de jeunes enfants pour la ville d'Athis-Mons (91) accepte à son tour de témoigner des raisons de sa présence dans le cortège. « On a de plus en plus de mal à s'en sortir avec toutes les augmentations de prix. En tant qu'animatrice auprès d'enfants, j'ai une responsabilité pénale et civile. Or,je travaille depuis treize ans et je ne touche que 1 300 euros. Au bout de tout ce temps en tant que stagiaire, vacataire, contractuelle, je viens seulement de passer le concours pour être titularisée. C'est très difficile de sortir de la précarité, et je n'ai pas le sentiment d'en être sortie. Alors, ce que je veux aujourd'hui, c'est une vraie reconnaissance dans mon métier, un vrai accès à la formation, et aussi être mieux payée, ce qui passe bien sûr par une augmentation du point d'indice. »