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THÉÂTRE

La violence du désespoir

8 novembre 2016 | Mise à jour le 30 novembre 2016
Par | Photo(s) : Eric Didym
La violence du désespoir

En adaptant pour le théâtre Monologue du nous, de Bernard Noël, Charles Tordjamn nous plonge au cœur de la violence politique comme expression d'un désespoir total sur les ruines de l'ultralibéralisme. Ce soir, la représentation sera précédée d’un débat avec le philosophe Bernard Stiegler.

« Nous avons perdu nos illusions », déclare A. « Nous n’osons plus penser à la fatigue des révolutions et aux lendemains qui toujours déchantent », renchérit C. Sur scène, quatre jeunes femmes (A,B,C,D) qui préparent un attentat suicide nous font part des causes qui les poussent à passer à l’acte. Celui-ci n’est pas prémédité quand, après une manifestation, un policier est pris en otage puis abattu accidentellement.

Le quatuor devient « Nous », un collectif qui porte d’une même voix un désespoir et une fraternité absolus. « Nous » décide d’aller plus loin, en tuant les responsables d’un libéralisme exacerbé et leurs alliés, non pas en vue de l’avènement d’une société plus juste, devenue inenvisageable, non pas par vengeance mais pour déstabiliser les puissants et répondre au chaos par le chaos. Dans Monologue du nous, le texte de Bernard Noël (P.O.L., 2015), adapté pour le théâtre et mis en scène par Charles Tordjman, la question du désenchantement politique est poussée à son paroxysme.

Sacrifice final

Y a-t-il des violences légitimes face aux systèmes qui broient ? Militantes d’extrême gauche, les jeunes femmes qui animent un mensuel qui leur sert de façade pour mener l’acte final, à savoir un attentat suicide, répondent par un « no future » des plus noirs.

Après le meurtre d’un puissant banquier, puis d’un responsable syndical, le collectif décide d’une ultime cérémonie, lors d’une conférence de presse du ministre du Travail. L’acte est irrémédiable et l’engagement total avec le sacrifice des combattants. Non pas pour signer une victoire mais pour signifier que le désespoir est absolu.

Et c’est la force de cette pièce ô combien dérangeante de nous donner à voir des révolutionnaires qui ne croient plus en la révolution « pour la raison que l'espoir de changer la vie qui, depuis des siècles, motive des mouvements comme le nôtre, a chaque fois été détruit par ses propres animateurs ». On ressort de cette tragédie contemporaine avec une multitude de questionnements, tant son propos sur la radicalisation résonne aujourd’hui.

Ce soir à 19 heures, un débat précédera la représentation pour mieux fouiller les questions, en présence de Bernard Noël, de Charles Tordjman et du philosophe Bernard Stiegler, auteur de Dans la disruption.

Comment ne pas devenir fou ? (Éd. Les liens qui libèrent, 2016).