Vidéo - Histoires d’étudiants confinés: portraits d'un réel caché
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C'est début novembre que Benjamin Girette a rencontré pour la première fois des « gilets jaunes ». Appelé pour une commande, il a découvert ce mouvement « sur un parking, à une heure et demie de Paris ». Sur ses photographies publiées dans les colonnes du journal Le Monde, il a témoigné, au fil des manifestations, de l'ambiance des défilés, des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre et de violences policières qui n'ont pas épargné les journalistes.
Un travail qui a fait le tour des réseaux sociaux et que son compte Instagram a prolongé. Venu au photojournalisme avec les « Printemps arabes » en Tunisie et en Égypte, ce trentenaire a arrêté de couvrir les terrains de conflit après avoir « perdu des proches » et fait le constat qu'il gagnait « moins de 800 balles par mois » pour travailler dans des zones où les journalistes sont « de plus en plus pris pour cibles ».
« La profession de photojournaliste crève depuis vingt ans maintenant, estime Emmanuel Vire, secrétaire général du SNJ-CGT (1). La responsabilité en incombe évidemment aux éditeurs, aux patrons de presse et, derrière, à l'État qui ne les défend pas. »
En 2015, un rapport de la Société civile des auteurs multimédia (Scam) pointait, déjà, une « profession sacrifiée ». Soulignant, entre autres, la réduction du nombre de reporters-photographes titulaires de la carte de presse. Ce constat alarmant s'est accéléré, si bien que le nombre de photographes encartés est passé de 816 en 2014 à 623 en 2019 (chiffres de la CCIJP, la commission qui régit l'obtention de la carte de presse), même si « on peut supposer qu'ils sont plus nombreux », précise la commission de la carte des journalistes professionnels. Seule, la moitié des photographes titulaires de carte de presse travaillant dans une rédaction.
« La loi Cressard, qui donne une présomption de contrat de travail à un journaliste pigiste et lui permet d'être payé en salaire, n'a jamais été acceptée par les patrons. Nombre d'entre eux ont toujours essayé de sortir les pigistes du salariat. Ils préfèrent les payer en droits d'auteur, ou avoir affaire à des professionnels sous statut d'autoentrepreneur, notamment pour ne pas payer la Sécurité sociale », analyse Emmanuel Vire.
Avant de poursuivre : « Dans la dernière décennie, les patrons ont aussi été aidés par les technologies modernes. Les journalistes en pied dans les rédactions sont de véritables couteaux suisses, à qui on demande de tout faire dont l'image ; alors qu'on connaît l'apport qualitatif des photographes professionnels. Il y a un regard qui est capital et qu'on est en train de perdre. »
Les sociétés d'auteur et les syndicats ont rencontré à ce sujet Marion Hislen, la déléguée à la photographie nommée l'an passé au sein du ministère de la Culture. Et attendent des réponses…
Après un changement de carrière, Simon Lambert est arrivé à la photographie en 2013 dans un secteur de la presse déjà sinistrée. Comme beaucoup de photojournalistes, il cumule les statuts de photoreporter et d'auteur-photographe. Son statut d'auteur-photographe lui permet de toucher « les droits d'auteur » versés par l'agence de presse et de faire du « corporate », c'est-à-dire une activité qui va du travail de communication pour une entreprise à l'animation d'un atelier photo. Avec 2 000 euros par mois en moyenne, Simon ne se plaint pas. Interrogés lors de Visa pour l’image, les photographes touchant entre 1 500 et 2 500 euros par mois en moyenne, et qui vivent de commandes régulières, non plus. Ils se sentent mieux lotis que leurs collègues.
« Il y a des webmagazines qui financent du photoreportage, des mooks qui sont apparus… Il y a aussi beaucoup plus de festivals autour du photojournalisme. Ce sont des activités très mal rémunérées, mais elles ont une diffusion différente. Aujourd'hui, le photoreportage est aussi utilisé de façon pédagogique. Cela s'est beaucoup diversifié, et n'existait pas du tout avant », nuance Axelle de Russé, qui reçoit cette année le Prix Pierre & Alexandre Boulat, pour son reportage au long cours sur la réinsertion des femmes après la prison.
S'il devient difficile de se faire financer des reportages l'étranger — « les entreprises de presse font appel à des locaux, souvent très bons », assure un photojournaliste interrogé —, Axelle, Benjamin et Simon ne voient pas tout en noir. Benjamin Girette a ainsi été parmi les fondateurs de #Dysturb, un collectif qui fait connaître le travail des photoreporters grâce à des collages dans les rues. Axelle de Russé enseigne la photo. Quant à Simon Lambert, il donne volontiers des conseils aux nouveaux arrivants sur des forums professionnels où l'on parle en ce moment beaucoup de l'arrivée de Meero — une start-up vue comme un « Uber » de la photo. Et il pense sérieusement à se syndiquer…
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