C’est en ces termes que le secrétaire général d’Amnesty International a ouvert le Sommet mondial des défenseurs des droits humains qui s'est tenu à Paris du 29 au 31 octobre. Et l'ancien militant anti-apartheid sud-africain d'affirmer que « chaque jour, des citoyens ordinaires sont menacés, torturés, emprisonnés et tués en raison de leurs luttes, de leurs croyances ou simplement de leur identité. »
Les chiffres sont là pour en témoigner. En 2017, 312 défenseurs de ces droits, hommes ou femmes, étaient assassinés. Quand ils n'étaient « que » 136 en 2014. Si une bonne partie de ces assassinats sont liés à des questions foncières ou environnementales, notamment en Amérique centrale ou du Sud, les raisons de cet acharnement contre la société civile restent nombreuses.
Journalistes trop curieux, syndicalistes revendicatifs, militants de la cause LGBT, féministes réclamant plus d'égalité, peuples indigènes décidés à faire valoir leurs droits, sans oublier une criminalisation croissante des ONG… personne n'est épargné. Tout aussi inquiétant est le fait que ces crimes se font le plus souvent dans l'impunité la plus totale, quand ils ne sont pas le fruit de la corruption et/ou la collusion qui existent entre certains États et les milieux affairistes locaux.
Vingt ans après la reconnaissance par l'Onu d'un statut pour les défenseurs des droits humains censés mieux les protéger, il reste encore beaucoup à faire. Cependant, la première rapporteuse spéciale de l'Onu sur la situation des défenseurs des droits humains, Hina Jilani, a refusé de sombrer dans le pessimisme. « Nous devons nous montrer fermes face aux États et leur demander de se montrer à la hauteur. C'est grâce aux défenseurs des droits humains que la société civile jouit d'un espace. »