Voler de ses propres ailes
Dans le monde de l'édition, on a appelé «feel good novels» (romans qui font du bien) cette vague légère, souvent peu exigeante en qualité littéraire, qui a déferlé depuis quelques années sur les rayons des librairies et des supermarchés.
Mais si Le ruban, de Ito Ogawa, réconforte et réjouit ses lecteurs, l'écriture, délicate, et la construction, comme un recueil de nouvelles, sortent du lot.
Ito Ogawa a de la tendresse pour les personnages fantasques. La narratrice, Hibari, petite fille lorsque débute le roman, partage avec sa grand-mère, Sumire, la passion des oiseaux. Au point que la vieille dame accueillera dans son chignon les œufs minuscules d'une perruche calopsitte, jusqu'à l'éclosion d'un merveilleux oisillon baptisé Ruban.
Symbole du lien qui unit l'aïeule et l'enfant dès avant la naissance de la fillette, Ruban devient leur complice de tous les instants, Sumire lui confiant même la lourde tâche de la remplacer auprès de Hibari lorsqu'elle aura quitté ce monde.
Découpé en chapitres qui semblent autant de nouvelles distinctes, le roman est en fait le miroir éclaté où se reflètent les différents moments de la vie d'Hibari et de quelques autres protagonistes. Le fil qui unit l'oiseau, la vieille femme et l'enfant est aussi le ruban d'éternité unissant leurs destinées et que même l'absence, la distance ou la mort ne sauraient rompre… Une lecture pleine de charme.
Le ruban,
de Ito Ogawa.
Traduit du japonais par Myriam Dartois-Ako.
Editions Philippe Picquier,
286 p., 19,50 €.