27 décembre 2018 | Mise à jour le 18 décembre 2018
Pour assumer ses missions, en particulier soutenir les politiques publiques de la mer et du littoral, le Service hydrographique et océanographique
de la Marine (SHOM) a besoin de moyens financiers et humains pérennes. Ce que revendique la CGT.
En 2020, le Service hydrographique et océanographique de la Marine (SHOM), célébrera ses trois siècles d'existence. C'est au début du règne de Louis XV, en effet, qu'a été créé le premier service hydrographique officiel au monde, permettant le dépôt et la production de cartes et de plans. Aujourd'hui, s'appuyant sur le travail de ses différents sites (Brest, Saint-Mandé, Toulouse, Papeete et Nouméa) et de ses bâtiments en mer, l'opérateur public fournit une information géographique maritime et littorale de référence.
Mais ses missions ont bien évolué. À ses deux missions historiques, le soutien à la Défense nationale et l'hydrographie nationale (« pour satisfaire les besoins de la navigation de surface, dans les eaux sous juridiction française et dans les zones placées sous la responsabilité cartographique de la France »), s'est ajoutée une troisième : le soutien aux politiques publiques de la mer et du littoral. C'est dans ce contexte (et alors qu'il lui était demandé de s'associer à l'Institut géographie national pour mettre en place un référentiel géographique du littoral) que le SHOM est devenu en 2007 un établissement public administratif (EPA), resté cependant sous tutelle du ministère des Armées.
De nouveaux mandats pour la protection de la mer
Stratégie nationale pour la mer et le littoralElle constitue le cadre de référence pour la protection du milieu marin, la valorisation des ressources de la mer, et la gestion intégrée et concertées des activités liées
à la mer et au littoral.
La CGT a accompagné dès les années 1990 ces évolutions, explique Patrick Guyomard, représentant du syndicat à Brest, en plaidant pour une vision stratégique pour le SHOM qui corresponde à une certaine vision du monde. De fait, le SHOM – qui s'appuie sur une expertise reconnue et collabore avec nombre d'organismes de recherche – contribue à l'élaboration de la Stratégie nationale pour la mer et le littoral et son travail, commente Patrick Guyomard, concourt à la protection des océans et de l'environnement, par exemple à la préservation des atolls, mais aussi à la prévention de la traite d'êtres humains en mer…
Mais comme le rappelle la CGT, assumer ces missions nouvelles (de même que certains impératifs tels que la numérisation des cartes) suppose des moyens humains et financiers pérennes. Or le changement de statut est intervenu dans une période marquée à la fois par une réduction des moyens et par la révision générale des politiques publiques. Et il a été demandé au SHOM de trouver des compléments de ressources.
Pérenniser les missions
« Le fait de devoir chercher des ressources propres nous place en situation de précarité », dénonce Patrick Guyomard, pour qui « ce n'est pas le rôle d'un service public de vendre des cartes pour se financer ». La qualité de l'expertise de l'EPA amène cependant plusieurs ministères (comme celui de l'Environnement), des collectivités territoriales, voire d'autres institutions européennes, à faire appel à lui pour des missions ponctuelles. Mais précisément : elles sont ponctuelles. Dès lors, au sein du personnel (composé pour partie de civils et pour partie de militaires), nombre de salariés, souvent des chercheurs de haut niveau, sont alors embauchés comme contractuels pour des périodes variables en fonction des missions demandées.
En outre, du fait de l'absence d'un corps spécifique, d'autres chercheurs ou techniciens ultra-spécialisés sont embauchés, eux, sur la durée mais également comme contractuels, certains ayant connu des contrats à durée déterminée parfois durant de nombreuses années. La CGT a réussi à obtenir qu'une partie de ces salariés ultra-qualifiés passent en contrat à durée indéterminée. De même qu'elle intervient pour le maintien, sinon le développement des équipes dites de « soutien » (préparation des navires, des missions en mer, etc.), alors que le personnel de catégorie C a subi une réduction non négligeable de personnels, générant une intensification du travail et de la frustration.
Le budget du SHOM ne représente que quelque 60 millions d'euros annuels. « Il ne faudrait donc pas grand-chose, souligne Patrick Guyomard, pour pérenniser ses missions, incontournables tant pour la Défense nationale que pour la protection de l'environnement. »