17 septembre 2015 | Mise à jour le 30 novembre 2016
Des milliers de naufragés en Méditerranée, des chasses à l'homme dans les trains à Vintimille, des centaines de camions pris d'assaut, des barbelés sur des frontières, des êtres humains trouvés morts dans un camion, et la ville de Calais paralysée… Cet été aura été marqué par « la crise des migrants ». L'Europe s'étonne de découvrir que les guerres d'un autre continent ont des répercussions sur son sol.
Or, comment ignorer que la France a sa part de responsabilité ? Comme le constatait dans nos colon-nes Francine Blanche, responsable du collectif confédéral CGT droits des migrants : « Il y a une grande hypocrisie de la part des gouvernants sur ce dossier. Le régime Kadhafi était le gendarme du sud de la Méditerranée […]. Cependant, l'après-Kadhafi n'a pas été réfléchi… »
La crise tourne au désastre. Selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, 224 000 migrants seraient arrivés en Europe depuis janvier. En pleine crise économique, la Grèce en aurait accueilli 124 000 et l'Italie, 98 000. Quel accueil ?
Dès ce printemps, on estimait à 2 000 le nombre de migrants ayant trouvé la mort lors de naufrages, et la CGT exigeait que cesse l'hécatombe : « La CGT réclame non seulement des moyens techniques et humains à mettre en œuvre pour assurer l'obligation de secours en mer, mais -également des moyens financiers pour permettre d'accueillir des personnes en besoin de protection sur le territoire européen. »
Elle précisait encore que la surveillance des frontières ne pouvait être la seule réponse aux défis humanitaires, et que, sans possibilité de voies légales d'accès au territoire européen, « l'hécatombe continuera ». L'été, hélas ! confirmera cette analyse.
Au niveau européen, un accord trouvé le 21 juillet permet de répartir 54 700 réfugiés entre 23 pays (certains, comme l'Autriche et la Hongrie, ont refusé de s'engager). Et une enveloppe de 2,4 milliards était débloquée le 10 août à destination des 19 pays confrontés à l'accueil des réfugiés. Cependant, les pays de l'UE offrent un triste spectacle. Dépassée, la Hongrie décide d'ériger un mur anti-immigration le long de sa frontière avec la Serbie, tandis que la France tente maladroitement de repousser vers l'Italie ces réfugiés.
Quant à la Grande-Bretagne, non-signataire des accords de Schengen, elle trouve fair-play de financer la construction d'un mur à Calais pour mieux sécuriser le port. Première conséquence de ce renforcement : alors qu'ils privilégiaient jusque-là les camions embarquant sur les ferrys, les candidats au passage de la frontière vers le Royaume-Uni se reportent désormais directement vers le tunnel sous la Manche, ce qui a d'ores et déjà engendré de nouveaux accidents mortels.
Le mur de la honte n'est plus à Berlin mais à Calais.