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Service public

Touche pas à ma poste !

8 décembre 2016 | Mise à jour le 8 décembre 2016
Par | Photo(s) : D. Gutekunst/Maxppp
Touche pas à ma poste !

Centre de tri postal à Holtzheim

Dépressions, absentéisme, accidents du travail, suicides… Rien ne va plus à La Poste. En cause, l'accélération de la mutation des activités du groupe. Très mobilisés en novembre, les postiers ont remis le couvert le 8 décembre.

Identifié depuis 2012, le grand malaise qui frappe les postiers s'est intensifié en 2016, se propageant à toutes les branches d'activité, à toutes les catégories de salariat, des facteurs au personnel d'encadrement. Au point de faire craindre un nouveau « phénomène Orange », en référence à la vague de suicides qu'avait entraînée la transformation de l'opérateur public France Télécom en entreprise privée. De fait, ce qui se joue à La Poste souffre bien la comparaison, ainsi que le résume Emmanuel Cottin (CGT des postiers de Paris) : « C'est la même stratégie, qui vise à l'ouverture du capital en 2020 et, d'ici là, à tout faire pour le rendre attractif. ». Autrement dit, réduire la masse salariale…

Le capital contre l'emploi

Ainsi, en dix ans, 100 000 emplois, soit plus d'un emploi par heure, ont disparu, tandis que l'emploi précaire ne cesse d'augmenter (10 % de l'effectif entre CDD et intérimaires au niveau national). Un cas criant, le centre de tri postal de Wissous (Essonne) où les intérimaires abondent (80 postes par jour) tandis que les permanents fondent. Pour stopper cette situation devenue intenable, l'intersyndicale CGT-SUD-UNSA appelait les postiers à une semaine de mobilisation et de grève du 14 au 19 novembre, afin de dénoncer les restructurations au pas de charge, leurs effets délétères sur la santé des salariés, le manque chronique d'effectifs, les fermetures sauvages de guichets et de bureaux de poste, aussi bien en zone urbaine qu'en zone rurale.

Répondant massivement à cet appel, les postiers ont ainsi exigé la suspension provisoire de toutes les restructurations en cours et l'ouverture de négociations sur leurs conditions de travail : « Nous voulons un accord-cadre couvrant toutes les branches du groupe, et pas seulement la branche “courrier”, certes très affectée, mais qui ne saurait occulter le malaise grandissant chez les encadrants et dans les services financiers », avance Nancy Balduena, responsable de la FAPT-CGT pour l'Île-de-France.

Une vraie fausse négociation ?

Après un énième suicide survenu en août à Pontarlier (Doubs) qui mettait en cause les pressions et cadences insupportables, la direction de La Poste a fini par réagir. Le 26 octobre, elle ouvrait officiellement une négociation nationale sur l'amélioration des conditions de travail, mais bizarrement limitée à la seule activité distribution (courrier et colis), et suspendait les réorganisations en cours dans cette branche jusqu'au 14 décembre, date de fin des pourparlers.

Pour la CGT qui, avec l'UNSA et SUD, a quitté la réunion du 21 novembre, le compte n'y est pas : « Le document de travail remis ce jour était sans correspondance aucune avec l'objet des négociations, les restructurations et suppressions d'emplois se poursuivant sous un autre intitulé. Quant aux propositions de la direction, elles découlent toutes de son objectif stratégique : dégager des bénéfices par la suppression d'emplois », s'indigne Nancy Balduena. Avec la CGT, elle revendique la réhumanisation de l'organisation de La Poste, la déprécarisation de l'emploi et l'extension de la négociation à toutes les branches du groupe. Pour réaffirmer cette exigence, l'intersyndicale CGT-SUD-UNSA appelait à une nouvelle journée de mobilisation, le 8 décembre. Un message recommandé, adressé à… La Poste.