Le Rassemblement national, un programme xénophobe
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Montée des droites extrêmes et des extrêmes droites notamment en Europe, apparition, dans un contexte de guerre et d'absence de démocratie, d'un terrorisme se disant islamiste : le monde serait-il confronté à un retour des fascismes sous des formes nouvelles ? Spécialiste de l'histoire politique et culturelle du XXe siècle, Enzo Traverso, interrogé par Régis Meyran, analyse le passage du fascisme au « post-fascisme » dans un court ouvrage à la fois pédagogique, précis et ne cédant rien sur la complexité des situations.
Si dans certains pays des mouvements se revendiquent explicitement du fascisme dont ils cherchent à régénérer les vestiges (ainsi du Jobbik en Hongrie), ce n'est pas le cas des mouvements que le chercheur qualifie de « post-fascismes » : leur « matrice reste, dans la plupart des cas, le fascisme classique » sans lequel ils n'existeraient pas, mais ces mouvements généralement « ne revendiquent plus cette filiation ». Pour l'auteur, le caractère ultralibéral de l'Europe telle qu'elle existe aujourd'hui alimente la montée des nationalismes et des populismes. Et tenter d'affronter les partis qui s'en nourrissent, comme le Front national en France, en adoptant leur propre rhétorique, ne peut qu'être voué à l'échec et au contraire l'alimenter davantage.
Ainsi Enzo Traverso revient-il sur les logiques qui alimentent les discours identitaires, et qui masquent la réalité – notamment coloniale puis post-coloniale à l'égard des populations immigrées – de la République, dont pourtant ils se revendiquent. De même examine-t-il à la fois les avatars de l'antisémitisme de la première moitié du XXe siècle, mais aussi l'essor d'une islamophobie qui « structure aujourd'hui les nationalismes européens », lesquels prétendent que les identités nationales seraient menacées. Et Enzo Traverso pointe, au-delà des racismes, au-delà des exclusions diverses qui en découlent, les menaces de division qui pèsent sur les sociétés et sur la capacité à faire front commun ensemble dans des luttes émancipatrices pour tous. Un chapitre entier est consacré à la spécificité de l'OEI (organisation de l'Etat islamique) et à l'attrait qu'elle peut exercer sur certains jusqu'en Europe où des parts d'histoire continuent de ne pas être reconnues, et caractérisées par l'absence ou la disparition d'un pôle d'attraction radical à gauche.
Face à une « panne des grands récits émancipateurs », selon l'expression de Régis Meyran et, en même temps, à l'affirmation réitérée de l'absence d'alternative au néolibéralisme, Enzo Traverso repère cependant des expressions et des mouvements émancipateurs, qu'il s'agisse des mobilisations populaires pour la démocratie, la liberté et la justice dans le monde arabe, d'Occupy Wall Street aux États-Unis, ou d'autres mouvements nés dans les sociétés européennes pour lutter contre la crise, les politiques qui y ont conduit et qui continuent de la nourrir… Des mouvements qui semblent cependant manquer de connexion et d'un horizon d'attente plus rassembleur et susceptible de remobiliser de nouveaux imaginaires. Tandis que les crises et les violences nouvelles inquiètent, le siècle qui n'a pas vingt ans semble amorcer une transition vers de grands changements dont les contours sont encore flous mais qui appellent à une lucidité elle aussi nouvelle.
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