13 septembre 2017 | Mise à jour le 15 septembre 2017
Des centaines de militants syndicaux ont pu faire reconnaître la discrimination dont ils étaient victimes grâce à la méthode Clerc. Parmi eux, sept militants CGT d'Air Liquide, indemnisés à hauteur de 350 000 €, ont décidé de reverser une partie de cette somme à la CGT.
C'est une promesse faite il y a neuf ans qui vient d'être tenue. Et ce n'est pas sans fierté que Thierry Béroud, coordinateur de la CGT du groupe Air Liquide, débarque à Montreuil ce 6 septembre 2107 et tire de sa poche trois gros chèques ; l'un de 5 693 € à destination de la fédération de la métallurgie CGT, un autre du même montant pour la fédération de la chimie CGT et un troisième d'un montant de 18 000 € au nom de la confédération CGT. « C'est un geste de solidarité exemplaire. Ces sommes vont alimenter une ligne budgétaire ouverte par la confédération pour venir en aide aux camarades qui éprouvent des difficultés à faire reconnaître la discrimination dont ils sont victimes, afin de mener des initiatives judiciaires. C'est en effet une stratégie patronale que d'en faire un combat long et coûteux, et je suis fier de ces camarades », le remercie François Clerc, l'inventeur de la fameuse méthode Clerc, qui permet de démontrer à l'aide de courbes comparatives les discriminations subies au cours d'une carrière. Thierry Béroud estime que ce don va de soi : « François Clerc et maître Boussard-Verrecchia nous ont accompagnés depuis 2008 lors de réunions avec la direction. Puis nous avons ensemble construit les panels comparatifs. Dès le début, nous étions convenus de reverser à la CGT 20 % des sommes gagnées. Ce que nous faisons. »
Les discriminations syndicales sont en effet toujours très difficiles à combattre, mais la dignité est sans prix et la victoire si magnifique… Pour les élus et mandatés CGT du groupe Air Liquide et ses filiales Alfi, Cryopal et Alem, il aura fallu batailler durant huit longues années avant d'aboutir. Au départ, dix-huit cas de discrimination sont identifiés. Onze déposent un dossier en justice, et en 2012 un premier jugement des prud'hommes déboute les plaignants. La CGT contre-attaque en interjetant appel et obtient gain de cause pour sept militants en avril 2015. L'employeur saisit alors la Cour de cassation qui, dix-mois mois après, rend publique sa décision qui confirme définitivement la discrimination. Au total, les sommes gagnées par les sept syndicalistes représentent 350 000 euros. Une victoire qui s'accompagne aujourd'hui d'un splendide geste de solidarité.