Une grève pour l’égalité
Les Mahorais et leurs syndicats réclament « l’égalité réelle » avec la métropole et avec les autres départements d’outre-mer. Vendredi 15 avril, après une grève... Lire la suite
Les premiers engagements de la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, n'ont de toute évidence pas suffi : après plusieurs semaines de grève générale lancée le 20 février à l'appel de l'intersyndicale et du collectif des citoyens (CCM), Mayotte demeure mobilisée contre l'insécurité et pour l'égalité réelle avec l'ensemble du territoire français. D'autant plus que la ministre, après cinq heures de négociations mardi 13 mars au soir, a annoncé « la construction d’un accord mettant un terme à la crise de Mayotte » alors même que l'intersyndicale avait annoncé vouloir d'abord consulter la population.
Dans leur « Table revendicative » rendue publique en février, les organisations mahoraises (CGT, CFDT, Faen, FSU, FO, CSF, CCM) mettent en évidence le lien structurel entre l'absence de services publics suffisants et l'insécurité galopante à Mayotte.
Comme le rappelle la CGT dans un communiqué de soutien aux Mahoraises et aux Mahorais, « Mayotte est loin de bénéficier des mêmes droits que le reste du territoire, ravagée par la pauvreté et désertée par les services publics. Mayotte est de loin le département le plus pauvre et le plus inégalitaire de France avec 85 % de la population qui vit sous le seuil de la pauvreté et un taux de chômage de 40 %. La départementalisation, pour se réaliser, implique une vraie solidarité nationale, bien supérieure à ce qu'elle est aujourd'hui ».
Face à une telle situation, le CCM et l'intersyndicale réclament les moyens d'un véritable développement de Mayotte à moyen et long termes. Parmi les revendications : un calendrier pour un investissement massif de l'État pour aligner les moyens de Mayotte sur ceux de la métropole ou des autres DOM, qu'il s'agisse d'administration, de justice, de sécurité, d'éducation, de santé, de logement, de transport, mais aussi d'accès à la protection sociale. L'égalité doit aussi valoir en matière d'application du droit au travail.
Dans le contexte d'insécurité, l'extrême droite et une partie de la droite française préfèrent accuser en priorité l'immigration clandestine à Mayotte et en sont même à réclamer la fin du droit du sol. De quoi éviter de poser les vrais problèmes : ceux non seulement de l'extrême pauvreté dans toute la région, mais aussi du déficit abyssal de moyens attribués à un département pourtant français.