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DÉPENDANCE

EHPAD du Val-de-Bièvre : la CGT obtient gain de cause

19 mars 2018 | Mise à jour le 20 mars 2018
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Cinq jours de grève ont permis aux professionnels des EHPAD de « Monsieur Vincent », dans le Val-de-Marne, d'obtenir des moyens supplémentaires, notamment en effectifs. Une victoire importante pour lutter contre la maltraitance institutionnelle dont souffrent nombre de personnes âgées dépendantes.

La grève, illimitée, avait été déclenchée simultanément dans trois établissements de l'association Monsieur Vincent (Cachan, Gentilly, L'Haÿ-les-Roses) le 14 mars. À la veille, donc, de la deuxième journée de mobilisation nationale des personnels des EHPAD pour exiger des moyens pour l'accompagnement de la vieillesse en perte d'autonomie.

Les motifs de la colère des personnels relèvent de ce qui affecte l'ensemble des EHPAD où résident les personnes âgées totalement ou partiellement dépendantes : sous-effectifs chroniques, carences de moyens matériels, non-remplacement systématique des absences qui se répercute en cascade sur le personnel présent, recours excessif aux vacataires sans formation « Qu'il faut sans cesse prendre en charge pour leur expliquer le travail », témoigne une gréviste.

Sans compter un dialogue social lacunaire – pour ne pas dire entravé – instauré par la directrice des trois établissements dans les instances représentatives du personnel. « Nous n'avons plus de réunions de comité d'entreprise depuis environ six mois, la directrice ne nous écoute pas et passe son temps à pianoter sur son clavier d'ordinateur sans répondre à nos questions. » Idem au CHSCT où les alertes sur la maltraitance institutionnelle des patients sont prises en compte avec la même nonchalance, explique Chantal Muriel (DS, DP et membre du CHSCT de l'établissement de Gentilly), qui a alerté l'inspection du travail ainsi que la direction de l'association Monsieur Vincent, sans succès à ce jour.

« En guerre contre la direction »

À Cachan, où se situe le plus important des trois établissements qui héberge 154 résidents, les salariés en grève à 90% occupaient nuit et jour le site, déterminés à obtenir gain de cause sur toutes leurs revendications, et en particulier le départ de la directrice générale des trois établissements, ainsi que la levée de sanctions disciplinaires qu'elle avait infligées à deux salariées. La première : la déléguée syndicale CGT du site de Cachan, « parce que je parlais trop fort durant une réunion syndicale », explique-t-elle. La deuxième, une employée en CDD depuis deux ans, qui devait basculer en CDI mais a été congédiée pour avoir soutenu les revendications de ses collègues en grève.

« Avant l'arrivée de cette directrice, on n'avait jamais atteint ce stade de relations conflictuelles. Mais avec elle, c'est systématique », témoigne une aide-soignante qui évoque le mépris du personnel et des résidents. Ce que confirment des familles qui parlent même d'« attitude inhumaine » sous couvert d'anonymat « afin de ne pas nuire à [nos] proches ».

« Quand elle nous a reçus ce matin, elle nous a renvoyé la responsabilité du désordre actuel en stigmatisant le personnel en grève », explique le gendre d'une résidente.

Quitus aux salariés

Soutenues depuis le départ par la CGT du Val-de-Marne et des élus et organisations politiques (le PCF, le maire [PCF] de Gentilly et la France Insoumise), les revendications des grévistes étaient donc également approuvées par les familles des résidents qui ont lancé une pétition de soutien à leur lutte contre la maltraitance institutionnalisée.

Faute de dialogue avec la directrice (une ex. du groupe Korian), les salariés ont interpellé le président de l'association Monsieur Vincent, à qui ils ont adressé leur cahier revendicatif. Au moment où, au dire de familles de résidents rencontrées à Cachan, « les mauvaises odeurs commençaient à se faire persistantes » et où les risques pesaient sur la santé de plusieurs patients, l'association a pris le parti de calmer le jeu en acceptant de satisfaire les principales revendications des salariés.

Samedi 17 mars, le président recevait une délégation de la CGT. Il lui accordait le renforcement des effectifs, à l'appui d'un projet de recrutement de 20 emplois d'ici 2019, le paiement des jours de grève, la levée des sanctions disciplinaires ainsi que l'ouverture de négociations sur les conditions de travail.

Reste à savoir dans quelles conditions s'exercera le dialogue social, afin que l'écoute l'emporte enfin sur le mépris. Pour l'heure, la directrice reste en poste. Mais, au terme de cinq jours de grève, les personnels et les soignants ont gagné une étape décisive.