Fret ferroviaire : la CGT s'insurge contre un scandale d'Etat
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Depuis sa reprise des Vélib, hier géré par Cyclocity (JC Decaux) Smovengo multiplie les pannes. Un seul exemple : à ce jour, seules 750 stations de Vélib sont opérationnelles contre 1 400 prévues par le contrat au plus tard, le 31 mars. Sans compter que, s'agissant du volet social de la gestion de l'entreprise, le bilan est carrément cauchemardesque. À telle enseigne que, depuis le 17 avril, 70 salariés des plateformes de Villeneuve-La-Garenne (Hauts-de-Seine) et d'Alfortville (Val-de-Marne) – tous ex-Cyclocity transférés à Smovengo — se sont mis en grève dure.
Ils dénoncent des conditions de travail calamiteuses et réclament le rétablissement des conditions salariales et sociales dont ils bénéficiaient auparavant chez Cyclocity. Notamment, le maintien de la prime pour travail de nuit (+ 45 % de salaire), les majorations légales (+ 100 % de salaire) pour travail dominical et en jours fériés et le rétablissement de la prime « panier-repas », passée de 12 euros à 5,73 euros. Autant d'acquis que Smovengo, une fois entré en piste, a décidé arbitrairement de ne plus leur appliquer. Roule et crève, telle semble être la devise du nouveau prestataire de service de la mairie de Paris.
Au terme de la troisième semaine de cette grève partie pour durer, la direction de Smovengo, qui rechigne au dialogue social avec ses deux syndicats, la CGT et Sud, découvre soudainement qu'aucun préavis de grève n'a été préalablement déposé. Et pour cause, d'après les deux syndicats : « les salariés ne sont pas des fonctionnaires ni même des salariés d'une entreprise publique », font-ils valoir. Mais qu'à cela ne tienne pour la direction qui décide de se pourvoir en justice pour plaider la grève illicite. Ses avocats s'appuient à ce titre sur l'argument de la « mission de service public de transport » assumée par Smovengo.
Le 14 mai, le TGI, qui ne se prononce par sur le fond, mais sur la forme, donne raison à Smovengo et demande de « cesser tout agissement constitutif d'atteintes à la liberté du travail, notamment par tous moyens de blocages de personnes ou de véhicules ». Et le même juge invite aussi la direction de Smovengo à ne plus recourir aux travailleurs intérimaires pour remplacer les grévistes, une pratique pour le coup notoirement illégale, tant dans le secteur public que dans le secteur privé.
Forte de ce jugement en référé, Smovengo considère que la grève va lui fournir l'opportunité de justifier, in extremis, ses difficultés à assurer le déploiement des Vélib et dans le même temps, de se séparer de la moitié de ses salariés, opérateurs, régulateurs et techniciens de maintenance. Alors que la levée de la grève vient d'être ordonnée par le tribunal, la direction décide de convoquer 37 salariés à un entretien préalable au licenciement pour faute grave. Ne s'étant pas présentés individuellement, mais collectivement à cet entretien dans le but de négocier la sortie de grève, 23 salariés grévistes ont de fait été licenciés pour faute grave par Smovengo.
Soutenus par la CGT 94, de l'UL de Bonneuil et leurs avocats, ils ont saisi les Prudhommes pour contester les licenciements et obtenir, pour certains, leur réintégration dans l'entreprise. Pour d'autres, une simple réparation des dommages causés par ce qu'ils considèrent comme une faillite industrielle déguisée en faillite sociale : « Sans attendre d'être réintégré, je vais surtout chercher du travail ailleurs. Chez Smovengo, ce n'est plus possible », avoue un réparateur de la plateforme d'Alfortville après 10 années de services et autant d'expérience chez Cyclocity.
Quelle que soit l'issue de la bataille juridique engagée, Smovengo, ses décideurs, ses dirigeants, devra malgré tout assumer ce fiasco industriel et social. Face à l'incapacité de l'entreprise à assurer la bonne exploitation des vélos en libre-service, face aux couacs de fonctionnement récurrents qui ont engendré la perte de 300 000 abonnés au service Vélib', la mairie de Paris, Anne Hidalgo, avait lancé cet ultimatum à son prestataire : « 48 heures pour trouver une sortie de crise ». C'était le 3 mai.
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