26 août 2018 | Mise à jour le 26 août 2018
Donner une information sérieuse sans en avoir l'air. Les binômes journaliste/dessinateur le font dans La revue dessinée depuis 20 numéros. La livraison de l'été 2018 décrypte l'histoire du burn-out, les dangereuses failles du nucléaire, le lucratif trafic d'art et dénonce les ripoux du cyclisme
C'est en 1971 que le terme de « burn-out » est inventé par le psychanalyste Herbert Freudenberger. Il ne s'applique pas alors dans le monde de l'entreprise, mais dans l'univers associatif, pour décrire la baisse de motivation qui touche les bénévoles accompagnant des toxicomanes. Il compare leur épuisement à une combustion interne, plus ou moins visible à l'extérieur, mais dévastatrice à l'intérieur.
La psychologue Christina Maslach définit, dix ans plus tard, une grille d'évaluation de cet effondrement sous la forme d'un questionnaire qui fait toujours référence.
Si le concept n'a rien de nouveau, la désignation d'une « nouvelle maladie » fait saliver… notamment l'industrie pharmaceutique…
À travers trois exemples : une cadre de banque, un chef cuisinier, un berger, l'enquête d'Elsa Fayner, mise en images par Nicolas Pinet, remet quelques pendules à l'heure, en mettant en cause les pressions pesant sur le travailleur. Notamment le management moderne, faisant écho aux recherches de la sociologue Danièle Linhart qui déclarait il y a peu, analyse à l'appui, que « Ce qui est archaïque dans le travail, c'est le lien de subordination. »
Consacrée à « l'équipe de France du nucléaire » l'enquête intitulée « Au fond de la cuve », signée de Sylvain Tronchet et dessinée par Benjamin Adès n'est pas moins édifiante… et peut-être encore plus terrifiante tant la légèreté des opérateurs de la filière y est criante. Outre les chantiers dont la facture se chiffre en centaines de milliards d'euros, mettant à mal le mythe de l'énergie bon marché, c'est la sécurité des installations nucléaires civiles (malfaçons, anomalies, mensonges…) qui a de quoi inquiéter…
Quel est le rôle de la presse, et particulièrement de la presse spécialisée dans les affaires de dopage qui pourrissent le cyclisme ? Pierre Ballester a mené une enquête dérangeante que dessine Youssef Daoudi.
Autre secteur lucratif, celui du trafic d'art, qui recoupe trop souvent le monde de l'art, des salles des ventes aux ports francs, des « antiquités de sang » aux collectionneurs peu regardants. Avec à la clef d'énormes profits…
Dans ce même numéro de La revue dessinée, à lire aussi la grande arnaque du projet Europacity, la vie en sursis des clandestins mineurs, le raid des hooligans (surtout russes) lors d'un match de foot à Marseille en 2016, et des rubriques courtes, mais tout aussi passionnantes.