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Sidérurgie

Des salariés d’Ascoval bloquent le site de Vallourec d'Aulnoye-Aymeries pour faire pression sur le gouvernement

26 octobre 2018 | Mise à jour le 20 février 2020
Par et
Des salariés d'Ascoval de Saint-Saulve (Nord), en redressement judiciaire, bloquaient ce vendredi matin toutes les entrées du site de Vallourec, actionnaire de l'aciérie, à Aulnoye-Aymeries, près de Maubeuge, pour faire pression sur le gouvernement qui réunit dans la journée, à Bercy, les acteurs du dossier.

L'action menée par une trentaine de salariés se déroulait sans heurts, ont constaté des journalistes de l'AFP, avec feux de pneus allumés devant les entrées du site. Une centaine de salariés d'Aulnoye-Aymeries, qui devaient prendre leur poste à 6 heures, attendaient dans le calme devant l'entrée principale.

« C'est un blocage complet du site, personne ne rentre. L'idée, c'est de mettre la pression sur Vallourec alors qu'il y a une réunion aujourd'hui à Bercy » sur l'avenir de l'aciérie, a déclaré Nicolas Lethellier, délégué CGT de Saint-Saulve.

Jusqu'à présent, « on a été professionnels, dignes », mais « donéravant, Vallourec, on va l'étouffer », avait prévenu dès mardi Bruno Kopczynski, porte-parole de l'intersyndicale d'Ascoval.

Solidarité des employés du site d'Aulnoye

« On est plutôt solidaires de ce qu'il leur arrive. Il y a des craintes tout autour de nous, il y a des restructurations, comme nous le rappelle la mondialisation tous les jours », a déclaré Dany, qui travaille à la tuberie d'Aulnoye depuis 14 ans. Selon lui, Ascoval est le principal fournisseur de tubes et barres d'Aulnoye, où il y a aussi un centre de recherche.

Devant le site de Vallourec, ce vendredi matin, Cédric Henry, délégué FO de la tuberie d'Aulnoye-Aymeries (220 salariés), se disait « solidaire » de ses camarades d'Ascoval. « À mon avis, on sera les prochains. Mon sentiment, c'est que Vallourec ne veut plus d'usines en France », déplore-t-il.

Réunion de travail à Bercy

Le groupe Altifort, basé dans la Somme, a fait une « offre ferme » de reprise, s'engageant à maintenir l'ensemble des emplois et en créer 133 nouveaux, mais il demande au sidérurgiste français Vallourec, principal client et premier actionnaire, de maintenir pendant un an et demi son niveau actuel de commandes.

Or, Vallourec, spécialiste des tubes en acier sans soudures et dont l'État est actionnaire à 17 %, a refusé en début de semaine cette demande, qu'il juge « contraire à la préservation (de ses) intérêts », suscitant la colère des syndicats et des élus locaux, dont le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, fortement mobilisé sur ce dossier.

La secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie, Agnès Pannier-Runacher, qui s'est rendue dans le Nord mardi, réunit l'ensemble des acteurs du dossier ce vendredi à Bercy pour étudier « point par point ce dossier de reprise » et « voir si Altifort peur aller jusqu'au bout du projet ».

Aucune décision gouvernementale sans expertise indépendante

Mais le gouvernement, avant de prendre toute décision sur un éventuel soutien public, a annoncé jeudi soir qu'il demandait un avis indépendant sur la situation économique d'Ascoval. Le cabinet Roland Berger doit ainsi « rebalayer » tout le dossier. Une initiative jugée bien trop tardive par les syndicats « à quelques jours de la mort d'un site », selon les mots de Bruno Kopczynski, pour qui « le gouvernement réagit dans la panique ».

L'aciérie de Saint-Saulve, qui compte 281 employés, est menacée de disparition depuis la liquidation judiciaire en février de son principal actionnaire, Ascq Industries. La justice lui a accordé mercredi un sursis de deux semaines.