5 novembre 2018 | Mise à jour le 6 novembre 2018
Lundi 5 novembre, le secrétaire général de l’union départementale du Puy-de-Dôme, Julien Pauliac est convoqué en audience correctionnelle devant le TGI de Clermont-Ferrand. Dans une interview accordée à la NVO, il explique les (mauvaises) raisons qui le conduisent aujourd’hui devant la justice.
Pour quelles raisons te retrouves-tu en audience correctionnelle au tribunal de grande instance de Clermont-Ferrand ?
C’est suite à une distribution de tracts comme il y en a eu partout en France, en juillet 2017, en pleine attaque contre le code du travail et les garanties collectives des salariés. L’intersyndicale du département du Puy-de-Dôme avait décidé cette action sur le péage majeur de l’agglomération clermontoise.
La distribution s’est bien passé. On a été accueilli par les gendarmes de l’autoroute qui au départ nous ont rappelé les règles de sécurité puis se sont fait pressants pour nous demander de partir au plus tôt. On a donc distribué nos tracts durant un peu plus d’une heure et demi. Il y avait un bon accueil de la part des automobilistes sur la route des vacances.
Pour quel motif la société d’autoroute a t-elle déposé plainte ?
La société APRR (autoroute Paris Rhin Rhône, NDLR) a déposé plainte pour un manque à gagner estimé de 40 000 euros. Ensuite, le parquet a décidé de retenir cette plaine, mais de la requalifier en manifestation interdite.
Pourtant tu assures que la demande de tractage a été faite dans les règles ?
Bien sûr. La préfecture avait été informée de notre initiative comme à chaque fois. La preuve en est : les gendarmes nous attendaient avant qu’on arrive. Il n’y avait pas d’arrêté d’interdiction et jusqu’à preuve du contraire, dans ce pays, on a encore le droit de distribuer des tracts et de manifester. Quand les forces de l’ordre sont venues nous demander qui organisait ce tractage, en tant que secrétaire général de l’UD CGT 63, j’ai donné mon nom.
Sur place, il y a eu des négociations entre la CGT que je représentais, l’intersyndicale et les forces de l’ordre. Le sous préfet de Riom était là, le commissaire de police également. Ce tractage a eu lieu dans les mêmes conditions qu’habituellement : on a distribué autant qu’on a pu, on a discuté avec des automobilistes et on est parti quand on nous a demandé de le faire. Et en tant qu’organisateur avec mon porte-voix j’ai appelé à arrêter l’initiative.
Du coup, dans quel état d’esprit vas-tu au tribunal ?
Ça me confirme dans l’idée qu’il y a un acharnement contre le syndicalisme en général, contre la CGT en particulier. Avec la première des conséquences : le handicap de notre organisation avec tout ce qu’il y a à conduire sur le terrain : élections professionnelles, cahier revendicatif, construction de la mobilisation…
Tout le monde est affecté par cette nouvelle attaque. Ça freine l’activité militante. Ça freine aussi la prise de responsabilités dans le syndicat, à l’UL ou à l’UD. Ça nuit aussi à la démocratie sociale quand on fait peur aux salariés quant à leur engagement possible dans une organisation syndicale. Et puis ça nuit aussi à la personne qui est attaqué directement. Derrière tout secrétaire général d’une organisation il y a un bonhomme ou une bonne femme qui est visé, touché.
Tu sembles affecté mais néanmoins très calme et combatif…
Concrètement, une convocation devant le tribunal, ça nuit à la vie de famille, au sommeil, à la sérénité parce qu’on est accusé à tort et traduit devant la justice alors qu’on est pas des terroristes, qu’on a rien cassé et qu’on essaie juste de permettre l’expression syndicale pour la défense des salariés.
Lundi, quel sera le déroulé de la mobilisation de soutien ?
J’ai reçu le soutien de nombreuses organisations de la CGT : UD, fédérations, de militants… tout ça est très touchant et rassurant. Notre slogan : « Quand on touche à un militant de la CGT, c’est toute la CGT qui répond » n’est pas qu’un slogan. Concrètement aujourd’hui, il y a un piquet de grève organisé devant mon entreprise à AIA (atelier industriel de l’aéronautique, NDLR) pour venir me soutenir et défendre la question des libertés syndicales. Avec sur place, sur le parking de l’établissement des prises de paroles, une conférence de presse.
Vers 11 heures, un cortège de véhicules est prévu. Il partira de mon établissement qui est située en périphérie de Clermont-Ferrand et m’accompagnera devant le tribunal, en centre-ville. Ensuite, à partir de midi, un accueil est assuré. Des prises de paroles sont prévues : celles de la confédération qui sera représentée, du comité régional, de l’UD bien évidemment. Le micro sera ouvert aux éventuels témoignages de répressions ou d’acharnement contre les organisations syndicales et les militants.
L’audience quant à elle est prévue à 14 heures. Cette journée va être combative et solidaire. Ce sera aussi une belle fête mais c’est dommage que les militants soient obligés de converger ce jour-là pour ma défense. On a beaucoup mieux à faire pour être au contact des salariés et construire revendications et mobilisations.