15 novembre 2018 | Mise à jour le 15 novembre 2018
Le prix du carburant est une composante du pouvoir d'achat en berne que dénonce la CGT en exigeant une hausse des salaires et pensions. Mais si la TVA ou les taxes sur le carburant font partie des impôts les plus injustes, il ne s'agit pas de se laisser berner par le patronat des transporteurs ou les firmes pétrolières. (Par NVO)
Avec la hausse du prix du baril d'une part, l'augmentation de la fiscalité « écologique » d'autre part, l'automobiliste constate – entre autres – que le prix du gazole a bondi de 23% en un an. On ne peut donc nier qu'il y a un problème de prix des carburants. Il y a aussi un problème de taxe puisqu'elles représentent 57% du prix du gazole. Or, tout comme la TVA, le prix à la pompe est le même pour tous, quel que soit le montant des revenus. Ce sont donc les petits revenus qui sont le plus pénalisés. La CGT, qui historiquement dénonce la vie chère et se préoccupe du pouvoir d'achat des salariés, des retraités et privés d'emploi ne peut pas ne pas intégrer cette réalité. D’autant qu’elle conteste l’alibi écologique de l’augmentation des taxes. Pour la CGT, « les considérations écologiques ont bon dos. La France n’est même plus dans les clous de l’accord de Paris ! Il s’agit, ni plus ni moins, pour le gouvernement de vouloir récupérer par les taxes 37,7 milliards d’euros des poches des travailleurs pour les mettre dans le portefeuille des actionnaires » . Cette préoccupation pour le pouvoir d’achat est d’autant plus vive qu’un récent sondage Ifop pour le JDD établit que « 72% des Français estiment que leur pouvoir d'achat a plutôt diminué depuis la dernière élection présidentielle. Une telle perception est d'ailleurs partagée par une écrasante majorité des retraités (89%). »
Le chèque carburant et les exonérations sont une arnaque patronale
Pour l’heure, la réponse du gouvernement se borne à élargir ou augmenter l’attribution de chèques carburant via les collectivités locales déjà exsangues et de doubler la prime à la conversion pour l’achat d’un véhicule plus récent. En rester à ce stade de l'analyse est insuffisant et pourrait conduire à des solutions simplistes qui aboutiraient à considérer qu'un chèque carburant serait suffisant à résoudre le problème.
Pourquoi ne parle-t-on pas des profits des multinationales pétrolières ?
Sur internet et les réseaux sociaux, le problème du prix du litre de carburant n'est à aucun moment relié aux profits monstrueux que réalisent les multinationales pétrolières. Pourtant l'addition de la marge brute de distribution et le prix du pétrole lié à la spéculation boursière pèsent pour quelque 43% de ce prix. Résultat, entre 2014 et 2017, Total a réalisé 20 milliards de profits. C'est de ce côté, en augmentant les salaires plutôt que les dividendes qu'il y aurait de l'argent à trouver pour une vraie transition écologique qui intègre toutes les dimensions sociales (pouvoir d’achat, mobilité, trajets domicile-travail, tarification et maillage de transports publics…) .