20 mars 2019 | Mise à jour le 20 mars 2019
Par
AFP
| Photo(s) : FNAF CGT
Des centaines de personnes ont manifesté mercredi devant la sucrerie Saint-Louis d'Eppeville (Somme), filiale du groupe allemand Südzucker, contre sa fermeture prévue en 2020.
« Südzucker fabrique des chômeurs », « Südzucker, vendez-nous », « SLS menteur », « battons-nous ! », pouvait-on lire sur les banderoles accrochées sur les différents bâtiments de l'usine installée de part et d'autre d'une départementale qui traverse le village de 1 800 habitants. « Tout le monde est en grève, l'usine en stand-by, pour la première fois depuis l'annonce de Südzucker » indique Régis Grost, délégué CGT du site, craignant une « catastrophe sociale et économique » en cas de fermeture, qui aurait des « effets néfastes sur la vie de nos communes ».
Ils étaient nombreux, venus de toute la France, pour défendre les emplois et le potentiel industriel sucrier. Des salariés du site marseillais de Saint-Louis et du concurrent Tereos étaient également présents au sein du cortège, qui a ensuite défilé jusqu'à Ham.
Une tactique pour éviter le processus de reprise
Saint-Louis Sucre, filiale depuis 2001 du groupe allemand Südzucker, a annoncé le 14 février la fermeture de deux de ses quatre sucreries en France en 2020 ainsi qu'une vaste réorganisation pour faire face à une baisse des cours du sucre, ce qui se traduirait par 130 suppressions d'emplois. Les sites de Cagny (Calvados), Eppeville et Marseille sont visés. Pour le syndicat, en maintenant symboliquement une poignée d'employés sur ces sites, le groupe allemand empêche le déclenchement d'un processus de recherche de repreneurs.
La Fédération nationale agroalimentaire et forestière (FNAF CGT) dénonce avec force ce choix qui « privilégie les productions allemandes et est-européennes ». Une délocalisation dont l'industriel se défend, qui menace des centaines d'emplois « dans le seul objectif d'augmenter la productivité des salariés sur les sites restants et les dividendes versés aux actionnaires ». Un choix qui n’est basé que sur un « argument conjoncturel » alors que ce sont les industriels qui en « portent la responsabilité première ».
Des réaffectations présentées comme la solution
À Eppeville, 122 des 132 salariés seraient réaffectés dans les deux usines de Roye (Somme), située à une vingtaine de kilomètres. Les 10 autres effectueraient du stockage de sucre, sirop et mélasse et la déshydratation de pulpe. Pour David, mainteneur support qui vit à Saint-Quentin, aller jusqu'à Roye lui rajouterait une demi-heure de trajet, via des départementales, et il ne se voit pas « quitter la ville pour la campagne ». « Je me lève déjà à 3 h, pour prendre mon poste à 5 h. Et puis, on n'a aucune garantie que dans trois ans ils ne fermeront pas Roye. Aujourd'hui, c'est soit on accepte d'y aller, soit on démissionne », déplore-t-il.
Une réaction de l'État qui se fait attendre
« Il faut que l'on garde notre usine, les emplois, il faut défendre notre outil de production », a insisté le maire Christophe Vassent, aux côtés d'autres élus venus de communes voisines, qui aimeraient que l'Élysée « tape du poing sur la table ». Selon lui, 50 salariés vivent dans le canton, les autres vivent plus loin, jusqu'à Laon (Aisne). Mardi, le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, a déclaré devant les députés que le gouvernement cherchait à éviter de verser des crédits d'impôt au groupe allemand.