29 mars 2019 | Mise à jour le 29 mars 2019
L'envol de la sous-traitance dans le secteur de l'aéroportuaire met à mal les conditions de travail et les solidarités collectives. Dans son essai, Fabien Brugière, sociologue décortique les pratiques managériales qui concourent à une précarisation accrue des salariés, au risque de la sécurité.
Sous-traitance généralisée, précarisation de l'emploi, détérioration des conditions de travail, concurrence accrue entre les salariés… Dans La sous-traitance en piste, Fabien Brugière mène une enquête sociologique dans le secteur de l'aéroportuaire, qu'il appréhende comme un laboratoire des évolutions actuelles du monde du travail.
Tout en s'attachant à montrer comment les grandes compagnies aériennes ont relégué les marges d'activités à moindre coût (les secteurs de la piste, manutention bagage, ménage…) au bénéfice des activités à forte valeur ajoutée dites « cœur de métier », l'auteur qui s'est immergé dans une société sous-traitante d'assistante portuaire, pointe aussi les mécanismes qui ont contribué à l'affaiblissement des syndicats. L'usage des contrats intérims, des CDD — majoritaires dans ce secteur — sont utilisés pour accroître la pression sur les salariés qui doivent, en outre, accepter la flexibilité des horaires, de leurs plannings. Par un management de « fragmentation des collectifs de travail », les directions découragent les salariés de se syndiquer et, en parallèle, use et abuse de la concurrence entre les salariés « précaires » et les CDI.
L'ouverture des marchés a encore accentué la course aux contrats parmi les grosses compagnies, tentés de tailler encore dans les masses salariales. Acculés, débordés par l'ampleur de la tâche, les syndicats se retrouvent souvent en difficulté à l'heure de défendre aussi les travailleurs en contrat précaire. Une plongée au cœur même du système qui dépeint, chiffres et reportages à l'appui, comment la sous-traitance a donné naissance à l'ultra précarité dans un secteur pourtant hautement stratégique en termes de sécurité et jusqu'alors plutôt préservé.