5 avril 2019 | Mise à jour le 5 avril 2019
Le gouvernement avait promis un passage sans douleur des personnels de l'ancien, régime de sécurité des indépendants (RSI) vers les organismes de Sécu du régime général. Le gouvernement ne l’a pas fait, constate la CGT des organismes sociaux. Dans les faits, des milliers d’agents de l’ancien système sont contraints à des mutations qui entraînent des déqualifications et bouleversent leurs vies.
« Ça a été préparé n'importe comment ! », s'emporte Christine Veritraete, dirigeante de la fédération CGT des organismes sociaux à l'évocation des « entretiens de repositionnement » que subissent actuellement les 5 500 agents de l'ex-RSI. Un chiffre auquel s'ajoute 2 500 autres salariés de la mutualité. Amenés à être reclassés au sein du régime général de la Sécu, les personnels reçoivent à l'issue de ces entretiens des propositions qui sont parfois de véritables désastres pour l’organisation de leur vie personnelle.
Ainsi, cette salariée isolée avec trois enfants à qui on attribue un poste à trois heures et demi de son domicile, ou cet agent qui – en raison de conditions de prise de RTT restreintes sur son nouveau lieu de travail – voit remis en cause sa garde alternée.
Du point de vue professionnel, ce sont aussi des cadres qui perdent leur statut après un repositionnement dans une grille, ou qui devront exercer des fonctions qui n'ont plus rien à voir avec leur domaine d'expertise. S'y ajoutent une série de diminutions d'avantages divers sur la mutuelle, la retraite, le temps partiel…
« Mme Buzyn (ministre de la Santé) prétend que les salariés ne perdront rien, qu'il n'y aura pas de mobilités géographiques, mais ce n'est absolument pas le cas ! Les gens sortent en état de choc de ces entretiens, nous avons alerté un psychologue du travail et l'inspection du Travail, c'est une situation de crise », témoigne encore Christine Veritraete , qui est en poste au RSI en Haute-Normandie.
Un problème de loyauté
Lors de la conférence de presse que donnait, jeudi 4 avril, la fédération CGT des organismes sociaux à Montreuil, Denis Lalys, son secrétaire général, a notamment fustigé le gouvernement et la direction de l'Union des caisses nationales de sécurité sociale (UCANSS) avec lesquels étaient engagées des négociations sur la base d'accords de transitions où les salariés étaient censés ne rien perdre en matière de mobilité géographique, de qualifications ou de droits.
« On s'est rendu compte qu'il y avait des loups localement par rapport aux principes affichés. C'est donc un problème de loyauté qui nous a conduits à faire jouer notre droit d'opposition à l'accord. »
L'inquiétude atteint aussi le régime général
Les ex-salariés du RSI reclassés dans les URSSAF, CARSAT ou CPAM n'en ont pas fini une fois qu'ils auront accepté un poste dans leur nouvel organisme de Sécu. Si leurs salaires actuels sont supérieurs à ceux des grilles qu'ils intègreront dans leurs nouvelles fonctions, ils seront censés percevoir une prime différentielle.
Mais outre que leur évolution salariale est bloquée et qu'ils se trouvent souvent déqualifiés, il faut aussi gérer un parachutage en pays hostile. « Les agents des caisses reçoivent localement ces arrivées comme une mise en concurrence dans les postes et les déroulements de carrière », se désole Denis Lalys.
De plus, rien n'est prévu pour les intégrer à une culture de travail très différente. « Les ex RSI sont souvent issus de petites structures et ont une culture très différente de celle des URSSAF. Au régime des indépendants, les personnels avaient un rôle social et de lien humain très proches des assurés. Rien à voir avec les grandes structures comme les URSSAF où le contact se limite à internet. On pouvait faire du sur-mesure et sans doute, les assurés de ce régime ne rendent pas comptent de ce qu'ils perdent », explique Michel Obadia, négociateur national du RSI et dirigeant de la fédération CGT des organismes sociaux.
Les RSI bientôt privés de représentants
A la détresse que vivent les agents de l'ex-RSI s'ajoute le traumatisme de ne bientôt ne plus être représentés syndicalement. « La CGT recueillait 44 % dans l'ex RSI, les élections des CSE dans les organismes de Sécu auront lieu prochainement et on devra s'en remettre à leurs représentants car nous perdons nos mandats », explique encore François Lemounier du RSI de Lorraine.
Le gouvernement interpelé
Face à cette situation, la CGT interpelle les ministres Agnès Buzyn, Gérald Darmanin ainsi que la direction de l'UCANSS. Plusieurs problèmes sont à examiner de toute urgence ; notamment la question des personnels qui mis dans des situations impossibles ne pourraient pas bénéficier d'un repositionnement, celle aussi du montant de la formation prévue pour intégrer les nouveaux postes (à ce jour, seule une enveloppe équivalente à 80 euros pas agent est prévue).
La CGT demande aussi qu'une prime de préjudice soit octroyée aux agents de l'ex-RSI. En effet, l'interruption de leur carrière au sein de cet organisme n'est pas issue de leur choix personnel, mais de celui d'Emmanuel Macron qui avait fait de la disparition de ce régime une promesse de sa campagne électorale.
https://www.nvo.fr/les-syndicats-de-la-secu-appellent-a-faire-greve-le-29-janvier/