Des manifestations d’une grande actualité
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« Aujourd'hui, la paix fait face à un nouveau danger : l'urgence climatique, qui menace notre sécurité, nos moyens de subsistance, notre vie. C'est pourquoi cette année la Journée internationale de la paix sera placée sous le thème de l'action climatique. ». C'est ainsi qu'António Guterres, secrétaire général de l'ONU, a présenté les enjeux de la journée internationale pour la paix de cette année 2019.
Chaque année, le 21 septembre, la Journée internationale de la paix est célébrée dans le monde entier. Face à l'urgence climatique, face aux guerres qui déciment des peuples et face aux ventes d'armes qui prolifèrent, il y a en effet urgence. En France, quelque 180 organisations, parmi lesquelles la CGT (comme les années précédentes), appellent à se mobiliser.
« Une paix durable ne peut être établie que sur la base de la justice sociale ». Tel est le fondement de la Déclaration de Philadelphie, adoptée en mai 1944 par la Conférence générale de l'Organisation internationale du travail, alors que le monde célébrait la défaite du nazisme. Il en va de même des conditions climatiques qui menacent des populations entières.
António Guterres le rappelle : les catastrophes climatiques mettent en danger la sécurité et la stabilité. « Du fait de ses conséquences dévastatrices, des millions de personnes désertent les littoraux et l'intérieur des terres, désormais inhabitables, à la recherche d'un lieu sûr et d'une vie meilleure. Les catastrophes et phénomènes météorologiques extrêmes se font de plus fréquents et violents, et les différends nés de l'épuisement des ressources risquent de dégénérer en conflits climatiques […] C'est le combat de notre génération et c'est une course contre la montre. Nous pouvons l'emporter, nous devons l'emporter (…) Il nous faut bâtir ensemble un monde dans lequel nous puissions vivre en harmonie avec autrui et avec notre environnement. »
Dans leur message en amont du Sommet du 23 septembre pour l'action sur le climat, les Nations unies indiquent ainsi : « Les catastrophes naturelles déplacent trois fois plus de personnes que les conflits, forçant des millions de gens à quitter leurs foyers et à rechercher la sécurité ailleurs. La salinisation de l'eau et des cultures met en danger la sécurité alimentaire et l'impact sur la santé publique s'accroît. Les tensions sont croissantes autour des ressources et des mouvements de population massifs affectent tous les pays sur tous les continents. »
Pourtant, des sommes considérables sont dépensées pour l'armement plutôt que pour la vie. « Nous sommes révoltés face à l'augmentation incessante des dépenses militaires qui favorise un commerce des armes immoral et dangereux, alors que le budget des Nations Unies pour les opérations de paix est de seulement 8,7 milliards et que la lutte contre le réchauffement climatique nécessite des moyens importants tout comme la réalisation des Objectifs de développement durable », soulignent quant à elles les 180 organisations qui appellent ensemble, en France, à participer aux marches du 21 septembre.
Et de rappeler que « 5 % des dépenses militaires mondiales pendant 10 ans suffiraient, selon l'Onu, pour résoudre les principaux problèmes de l'humanité (alimentation en eau, éradications des principales maladies, analphabétisme, faim…) »
En juin dernier, le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) a publié les conclusions du SIPRI Yearbook 2019. Le président de son conseil d'administration, l'ambassadeur Jan Eliasson, ancien secrétaire général adjoint des Nations Unies alerte : « Malgré la diminution globale du nombre d'ogives nucléaires en 2018, tous les États dotés d'armes nucléaires continuent de moderniser leurs arsenaux nucléaires. »
Neuf États (les États-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France, la Chine, l'Inde, le Pakistan, Israël et la République populaire démocratique de Corée) disposent ainsi de plus 13 865 armes nucléaires (voir encadré). Certes, ce nombre est en baisse par rapport à début 2018. Mais ces États ne cessent pour autant de moderniser leur arsenal pour obtenir des armes plus dangereuses.
Qui plus est, cette baisse risque de rapidement cesser. Car elle est jusqu'à présent le fruit du New Start sur les mesures de réduction et de limitation supplémentaires des armes stratégiques offensives, lequel expire en 2021. La Russie et des États-Unis — qui détiennent plus de 90 % des armes nucléaires mondiales — ont en effet réduit leurs forces nucléaires, mais n'entendent prolonger le traité. « Les perspectives d'une réduction négociée des forces nucléaires russes et américaines semblent de moins en moins probables au vu des différences politiques et militaires entre les deux pays », commente Shannon Kile, directrice du programme « Désarmement nucléaire, contrôle des armements et non-prolifération » du SIPRI.
Et les autres États dotés d'armes nucléaires développent tous de nouveaux systèmes d'armes ou ont annoncé leur intention de le faire.
De son côté, l'Observatoire des armements dénonce le risque d'aggravation des conflits lié au nouveau Fonds européen de la défense, voté le 18 avril dernier. Voté par le précédent Parlement européen, ce fonds de 13 milliards d'euros laisse les exportations d'armes « “sans aucun contrôle commun sur leur future exportation” » souligne-t-il.
Et de préciser : « En dérogation aux règles habituellement en vigueur pour les programmes de financement, le Parlement européen n'aura aucun droit de regard sur l'utilisation précise de ces 13 milliards pendant sept ans, alors que les États membres seront en première ligne avec une forme de droit de veto. Le Fonds de défense ne crée-t-il donc pas un précédent dangereux contre l'intégration européenne, en ouvrant la voie à un contournement systématique du Parlement par les États membres ? »
Quant à la France, le gouvernement a choisi d'ignorer les conséquences de ses ventes d'armes en particulier au Proche-Orient. Elle poursuit notamment ses livraisons d'armes et son soutien en matière de guerre tactique à Riyad et Abou Dhabi (entraînement des forces spéciales saoudiennes, fourniture de leur équipement de pointe et prévente du futur drone tactique Patroller aux Émirats arabes unis. en Arabie saoudite), en dépit de la guerre menée au Yémen contre toute la population.
Qu'importe si la guerre menée par ses acheteurs a fait au Yémen des dizaines de milliers de morts. Qu'importe si le pays connait la pire crise humanitaire au monde avec une famine menaçant quelque cinq millions d'enfants. Qu'importe si des experts des Nations unies sur le Yémen ont fait état, dans un rapport publié mardi 3 septembre, des crimes de guerre commis au Yémen avec la complicité des vendeurs d'armes.
Qu'importe si les velléités d'hégémonie de l'Arabie saoudite, les provocations de l'Iran face aux sanctions unilatérales américaines, ou la volonté d'Israël d'en découdre avec l'Iran — tout en écrasant la résistance palestinienne — menacent toute la région. Pour Paris, le marché est suffisamment juteux pour écarter toute protestation voire pour convoquer à la DGSI les journalistes qui font état des recherches du site indépendant Disclose sur le sujet. D'autant que ces exportations et transferts ouvrent la porte à la fois à d'autres marchés alliés à ses partenaires et à la vente d'autres productions.
Face à ces politiques, la résistance s'organise. Ainsi, le succès des dockers au Havre ou de Fos-sur-Mer qui, avec la CGT, sont parvenus à empêcher le transport d'armes à bord d'un navire saoudien.
Ainsi également du syndicat CGT de Thalès qui milite contre les ventes d'armes à ces pays meurtriers et pour que le groupe renforce et diversifie ses applications civiles.
En ce sens, les marches du 21 septembre nécessitent une participation large et unitaire. Pour qu'aux forces de mort et de désolation se substituent des choix de vie et de solidarité.
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