Les Bibs de France et de Navarre devant le siège de Michelin
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« Estomaqués », qu'ils sont les salariés de Remade, à Poilley, dans la Manche. Le 12 septembre dernier, ils ont en effet appris que « les provisions pour les salaires de septembre n'étaient pas constituées ». Autrement dit : « plus d'argent dans la boite et pas de salaires en septembre ».
Un sale coup pour les quelque 500 employés du site. D'autant que la direction annonçait également que « les CDD, c'est-à-dire un tiers des effectifs, ne seraient pas renouvelés et qu'il leur était conseillé de ne pas attendre la fin de leur contrat pour partir. Ce qui n'est pas légal », précise Bernard Daragon, secrétaire général de l'Union locale d'Avranches.
Un véritable coup de tonnerre dans cette entreprise spécialisée dans le reconditionnement haut de gamme d'iPhones, considérée jusque là comme une fierté locale. C'est que, depuis sa création en 2013, la start-up nageait en pleine success story.
Initié avec 150 personnes, le groupe passe rapidement à 400, puis à 700 aujourd'hui tandis que les fonds levés auprès des investisseurs se comptent en centaines de millions d'euros.
Quant aux bénéfices, 130 millions en 2017, 80 en 2018, ils montrent que le marché de l'iPhone d'occasion est non seulement porteur économiquement mais, comme s'en vante la direction, il s'inscrit aussi dans « le développement d'une réelle économie circulaire », avec, entre autres, le projet d'établir un « campus à l'américaine », toujours dans la Manche, pour y développer ses activités et créer de l'emploi.
Tout pour plaire. Y compris au président Macron, fan des licornes et autres start-ups, qui, le 26 mars dernier, jouait les business angels en laissant le président de Remade, Matthieu Millet, se présenter sur son compte Instagram lors de la semaine de l'industrie.
Le réveil est donc brutal. « Comment a-t-on pu en arriver là ? », interroge aujourd'hui Bernard Daragon. Lequel pointe du doigt certaines dépenses et investissements de Mathieu Millet. « C'est le genre Tapie, qui récupère des boites pour 1 euro symbolique, comme cela s'est passé avec Resmart, près d'Angers, où il a récupéré le matériel et viré tout le monde », constate-il. « Et cette année, il créé une société de chevaux de course, achète aux enchères un yearling à 265 000 euros et un haras dans l'Orne alors qu'on a plus un rond. C'est délirant. »
Délire que doit aujourd'hui gérer Renaud Le Youdec, président de Remade depuis août, Matthieu Millet occupant désormais le poste de président du Conseil d'administration du groupe. Nouveau directeur dont l'arrivée ne signifie rien de bon. « Il a été le président d'AIM Group [abattoir de la Manche, ndlr], ça a été liquidé. Pareil à La Souterraine, chez GM&S où il y avait 280 salariés », précise Bernard Daragon.
« Il y a un Comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri) depuis lundi à Bercy, au ministère des Finances et c'est un peu la réunion de la dernière chance », craint Bernard Daragon.
« Apparemment, les actionnaires ne seraient pas prêts à investir et même s'il y a 2 francs 6 sous pour assurer le mois de septembre, c'est mal parti. On ne peut pas expliquer qu'une boîte avec ces moyens, portée aux nues comme cela, se casse tout d'un coup la gueule du jour au lendemain. De l'argent a probablement été détourné et on ne sait pas où il est parti. C'est ce qu'il faut trouver. »
Les 470 salariés du site de Poilley aimeraient bien le savoir également. Et ils restent mobilisés pour se défendre.
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