16 décembre 2019 | Mise à jour le 17 décembre 2019
Au douzième jour de grève à la SNCF, les cheminots restent toujours aussi motivés contre la réforme des retraites du gouvernement. D'autant plus que le porteur de ce projet, Jean-Paul Delevoye, a désormais démissionné pour « légèreté coupable ».
Lundi 16 décembre, 6 heures du matin, gare de Lyon, à Paris. Comme désormais tous les matins depuis une dizaine de jours, Bérenger Cernon, le secrétaire général CGT-Cheminots local, est sur le piquet de grève. Onze jours après la manifestation du 5 décembre, et le succès massif rencontré par cette mobilisation à travers le pays, les cheminots restent en effet déterminés.
D'autant que, avec les jours de grèves qui, depuis, se suivent et se ressemblent, notamment au niveau du blocage des transports, « le gouvernement n'est manifestement pas bien dans ses baskets », assure le syndicaliste, ironisant sur la « demande de trêve pour les fêtes de Noël » faite vendredi dernier par le nouveau patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou. « Ce n'est quand même pas nous qui avons décidé du calendrier de cette réforme », rappelle Bérenger. « Et c'est un peu facile de nous demander à nous de faire des efforts, alors que, côté gouvernemental, rien n'avance. » Et que les questions demeurent.
Les assurances du gouvernement ne trompent personne
« La valeur du point du point sera indexée sur les salaires, mais nous n'avons pas eu d'augmentation depuis cinq ans ! », s'inquiète-t-il. Difficile en effet de croire que cette stagnation n'aura aucune répercussion sur le montant des pensions en « fin de carrière ». Même incertitude concernant la date du départ en retraite, « âge pivot » ou « point d'équilibre », génération 1975 ou pas, une chose est cependant sûre pour Bérenger : « à partir de 2022, tout le monde va travailler 4 mois de plus, y compris ceux nés avant 1975 qui travailleront donc 62 ans et 4 mois ».
Quant aux prétendus avantages du régime spécial accordé aux cheminots, Floriane, contrôleuse depuis douze ans à la SNCF, met tout de suite le holà. « Privilégiée ? Quand tu te lèves à 3 heures du matin, que tu ne vois pas tes enfants à Noël ni au jour de l'An ? Quand tout te retombe dessus dès qu'il y a un problème de sécurité ou autre ? », interroge-t-elle. « Macron nous dit que cette réforme n'est pas d'ordre économique, mais si elle n'est pas économique, c'est dans quel but ? Il y a trop de flou. »
Objectif, retrait de la réforme
Un avis manifestement partagé par quatre fédérations de la CGT, cheminots, transports, énergie, industries chimiques, qui, le 15 décembre, précisaient que, selon le dernier rapport du Conseil d'orientation des retraites, le COR, « il n'y a aucun caractère d'urgence financière » à cette réforme et donnaient donc une semaine au gouvernement pour « arrêter de s'entêter et de relancer de véritables négociations pour l'amélioration du système actuel ».
Et la CGT n'est pas la seule à penser cela, comme en témoigne la centaine de militants réunis en fin de matinée gare de Lyon lors d'une intersyndicale à laquelle, outre la CGT, participaient également Sud ou l'Unsa, tout aussi remontés contre ce projet de réforme. « Ils essaient de nous faire croire que c'est une revendication catégorielle, de nous diviser, mais ça ne marche pas », affirme Fabien, délégué Sud. « Il faut que les gens comprennent bien que, à partir de 2022, personne ne passera entre les gouttes. »
« L'objectif, c'est le retrait de cette réforme », affirme Bérenger Cernon, qui appelle à une mobilisation « encore plus forte que le 5 pour la journée du 12 . On se bat pour un choix de société. Et notre seule arme, c'est la rue. »