20 mars 2020 | Mise à jour le 20 mars 2020
Comment les salariés et les militants syndicaux s’adaptent à cette réalité ? Ceux qui travaillent de chez eux, ceux qui sont tenus de se présenter à leur poste… Chaque jour, la NVO vous raconte le quotidien des travailleurs à l’heure du Covid-19. Aujourd’hui, les personnels des centre d'appels, les hôtesses d'accueil et d'informatique.
Dans la longue liste des entreprises et des secteurs d'activités qui doivent se réorganiser pour observer les consignes du confinement, les centres d'appels font paradoxalement partie de ceux que l'on pourrait croire non essentiels et qui doivent pourtant rester ouverts.
Il paraît évident que des centres gérant certains numéros d'appel doivent pouvoir être encore disponibles pour tous les publics — à fortiori dans un épisode sanitaire grave qui pousse au confinement de toutes et tous.
Évidemment certains clients choisissent de pousser à continuer l'activité, et pour les dirigeants, les salariés doivent répondre présentsXavier Burot, Secrétaire fédéral de la Fédération CGT des sociétés d'études
Des centres que les employeurs continuent à vouloir laisser ouverts au détriment de la santé des salariés. Quand ce n'est pas directement les pouvoirs publics qui n'ont pas l'air de savoir gérer. Pour preuve, à Tauxigny, un centre d'appel d'Armatis-LC a été fermé mardi par les gendarmes en raison du risque, puis rouvert par la préfecture, quelques heures après.
Tauxigny : à Armatis, des salariés débrayent et font valoir leur droit de retrait
Il y aussi un refus clair du télétravail par des employeurs qui l'assimilent à de la paresse, alors que des postes concernés, pourraient facilement s'y préter. Des salariés de Téléperformance à Bordeaux Cap Gémini ont ainsi déclenché un droit d'alerte à cause d'un cas avéré de Coronavirus. Dans les réunions des commissions de santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT) qui résultent de l'exercice de ce droit d'alerte, les employeurs cherchent à faire invalider ces droits de retraits.
Un espace réduit et des postes inadaptés
Des espaces exigus, une proximité excessive et de nombreux salariés qui se succèdent sur un même poste dans la journée, les centres d'appels deviennent de véritables clusters. La fédération CGT des bureaux d'études a dû se fendre d'un communiqué pour rappeler que les consignes valables pour l'ensemble de la population ne devaient pas permettre aux employeurs de ces centres d'échapper à leurs obligations de protection sanitaires.
Xavier Burot décrit des environnements de travail construits d'une manière presque parfaitement inverse à ce que les autorités sanitaires préconisent comme « gestes barrières ». « Les postes dans les centres ne peuvent pas être éloignés d'un mètre, il n'y a pas d'attribution des bureaux personnels, donc il y a plusieurs salariés qui se succèdent sur différentes plages horaires et ils ne disposent d'aucun moyen pour désinfecter les outils. Les cantines posent un souci aussi, ces endroits sont restreints, ce qui fait que certains centres proposent aux salariés de manger directement au bureau. »
Chômage partiel à la tête du client
Sur le chômage partiel aussi, les dispositifs sont aléatoires. La mise en activité partielle, pour ce qui serait standard en dehors d'une épidémie, « cela permet de déterminer un groupe de salariés touchés par une réduction de l'activité, et c'est tout le groupe des salariés qui arrête de travailler. Les employeurs, là, choisissent qui ils veulent mettre en chômage partiel, qui est en télétravail… »
Pour Xavier Burot, il y a clairement un défaut de réponse collective. La Fédération des sociétés d'étude a par ailleurs commencé à recenser et à proposer des documents juridiques pertinents afin de permettre aux salariés de s'en servir pendant des CSE extraordinaires qui évoqueraient la question.
Les hôtesses d'accueil placées entre le marteau et l'enclume
« Pour les hôtesses d'accueil, la majorité est dans l'expectative », confie Xavier Burot. Certaines sont carrément au chômage technique à cause de la fermeture de l'accueil au public. Et celles présentes dans les sites des entreprises qui fonctionnent toujours et accueillent les salariés, continuent de devoir faire leur travail sans produits désinfectants, ou en quantité insuffisante. Et elles continuent encore à devoir manipuler des colis et divers autres produits potentiellement infectés.
La page Facebook, Pas ta Potiche recense toutes les situations que ces salariées rencontrent avec les injonctions paradoxales de devoir se protéger et protéger les autres tout en assurant, sans les moyens adéquats, les missions qui leur sont confiées.
« Les salariés ne sont pas pris en compte dans la situation, les patrons veulent préserver à tout prix l'activité au maximum. » résume Xavier Burot.