Chantiers de l’Atlantique : la direction la joue à l'intox
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Depuis la mi-mars, certains salariés sont tombés malades, d'autres ont perdu leur emploi, d'autres encore ont continué à travailler en se rendant sur site ou depuis chez eux, en télétravail. Après 50 jours de confinement, l'Ugict-CGT a publié, hier, un panorama exhaustif des conditions de travail en cette période particulière : Le Travail sous épidémie (TrEpid): une enquête nationale.
Menée en ligne entre le 8 et le 24 avril, cette étude inédite est importante à plus d'un titre. D'abord, par son point vue qui donne la parole aux salariés et vient, de fait, compléter l'enquête Acemo (« Activité et conditions d'emploi de la main-d'œuvre pendant la crise sanitaire Covid-19 ») de la DARES publiée le 17 avril, qui offre un portrait de la situation des salariés pendant le confinement du point de vue des entreprises privées de plus de 10 salariés.
Ensuite, parce qu'elle est exhaustive avec 34 000 réponses recueillies parmi des salariés de tous statuts et secteurs professionnels dont une majorité de non syndiqués. Enfin, par la rigueur de sa méthode : le questionnaire d'une centaine de points a été construit et analysé avec les statisticiens de la Dares et de la Drees du syndicat CGT.
Si l'enseignement majeur du tableau est une dégradation des conditions de travail générale, les chiffres révèlent aussi d'emblée que la situation des salariés dépend beaucoup de leur catégorie socio-professionnelle. Comme la confirmation statistique de ces images où les Smicards faisaient tourner la boutique France pendant que les premiers de cordée restaient confinés, on découvre que 61 % des personnes travaillant sur site sont des ouvriers ou des employés et 70% des personnes en télétravail sont des cadres et des professions intermédiaires.
Or, les salariés qui ont continué à se rendre sur leur lieu de travail ont pris des risques importants. Une large majorité sont en contact avec du public ou avec des collègues ou avec des surfaces souillées (parfois les deux), et ces facteurs de risque concernent davantage les ouvriers, les employés et les femmes. Pis, 13% des salariés qui ont continué à travailler en présentiel sont des personnes vulnérables et 26% cohabitent avec des personnes vulnérables.
Seuls 21% des salariés considèrent les mesures de prévention suffisantes pour les protéger. Concrètement, 40% des salariés disent ne pas avoir disposé de masques ou de gants en nombre suffisant, 63% estiment qu'il n'y a pas eu de mesure d'éloignement immédiat pour toute personne malade et collègue en contact et pour 93%, il n'y avait pas d'alternative à l'utilisation des transports en commun. Pourtant, les risques auraient pu être limités puisque 3 salariés sur 10 considèrent que leur activité n'est pas ou peu essentielle, 10% qu'elle aurait pu s'exercer en télétravail.
Imposé à la hâte, le télétravail est souvent effectué dans des conditions dégradées. Ainsi, un tiers des télétravailleurs disent ne pas avoir été dotés d'équipement informatique par leur employeur, près de 80% ne disposent pas de droit à la déconnexion, 97% n'ont pas d'équipement de travail ergonomique, un quart n'ont pas d'endroit où s'isoler et un tiers – notamment les femmes – doit télétravailler tout en gardant les enfants.
Conséquence : les risques psychosociaux sont en augmentation avec 35% des personnes en télétravail qui se plaignent d'anxiété et près de la moitié qui pointent des douleurs physiques. Ce n'est pas une surprise au vu de l'augmentation du temps et de la charge de travail, comme l'indiquent 40% des encadrants.
Interrogés sur les mesures mises en place par les employeurs, les encadrants confirment les tendances révélées par les salariés concernés : 55% jugent que la poursuite d'activité sur le lieu de travail constitue effectivement un risque de contamination et 3 sur 10 indiquent que ces activités sur site pourraient être limitées. Près de 30% d'entre eux confient même qu'ils auraient fait valoir un droit d'alerte, opposé un refus ou saisit une proposition alternative s'ils en avaient eu les moyens dès le début de la crise sanitaire.
Prix de la crise économique, 55% des cadres disent avoir perdu ou se préparer à perdre des jours de RTT, 57% des salariés en chômage partiel ont perdu des revenus et un tiers des salariés du privé considèrent que leur emploi est menacé. Dans ce contexte, les femmes sont en première ligne. 36% d'entre elles disent avoir subi une hausse de leur charge de travail contre 29% des hommes. La fermeture des écoles a entrainé plus de 4h de tâches domestiques supplémentaires pour 43% d'entre elles. Le confinement a en outre été facteur de tensions pour 20% des couples, et même de violences pour 2% des répondantes.
Forte de cet état des lieux et mobilisée pour lutter contre la pandémie et préserver les conditions de travail, l'UGICT-CGT liste ses revendications :
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