L’hôpital est au bord du gouffre
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C'est au son des tubes et de la danse des Rosies du 02 qu'un rassemblement s'est tenu dans la matinée du 16 juin à Laon. Devant l'entrée de l'hôpital, on voit bien sûr des personnels en blouse blanche, mais aussi des pompiers en uniforme et des salariés de différentes professions : cheminots, Sécu, enseignants, éducateurs, travailleurs de chez Renault, etc.
La présence syndicale est aussi étonnamment diverse et importante. La CGT est là nombreuse, bien sûr, ainsi que des militants de SUD et de FO, mais on compte aussi des militants de la CFDT, alors que des « gilets jaunes » ont déployé une banderole au slogan peu flatteur pour l'État.
Quelque 300 personnes en tout sont rassemblées. L'hôpital de Laon compte, lui, quelque 1 100 salariés. La CGT y est la première organisation. José Gaspar, secrétaire général de l'UD CGT 02 explique que Laon inaugurait les rassemblements du département, suivi un peu plus tard dans la journée d'autres initiatives, notamment à Soissons et Saint-Quentin, où se trouve le plus gros hôpital.
David Leclert, manipulateur radio de profession et secrétaire du syndicat CGT de l'hôpital de Laon par conviction, rapporte que le principal problème au sein de son établissement est l'absence de recrutement, est plus encore la titularisation des personnels. Une salariée qui souhaite rester anonyme précise qu'elle attend sa titularisation depuis… sept ans !
L'autre problème est celui des salaires. « Vous trouvez normal qu'une infirmière soit payée 1 400 euros ? », lance Cyril, un ambulancier qui saisit la conversation au vol. Avant d’ajouter : « Ici, c'est un management qui leur rappelle à chaque instant que, si elles ne sont pas contentes, elles peuvent aller voir ailleurs… »
Tandis que l'ambulancier prend fait et cause pour les infirmières, voici qu'un pompier en rajoute en plaignant les ambulanciers et les personnels des urgences.
« Nous avons eu la chance dès le début de la crise de disposer de masques parce que chez nous le CHSCT joue son rôle », affirme Hervé Moncourtois, délégué CGT au Sdis. Mais il faut voir comment travaillaient les ambulanciers ou les personnels des urgences qui n'étaient pas équipés. À tel point que nous culpabilisions de leur amener des patients malades… »
Une infirmière, que nous appellerons Chantal, insiste pour garder l'anonymat avant de rapporter son désarroi : « Au début de la crise, nous étions perdues : pas de protections, des cellules de crise quotidiennes sans compte rendu. Nous avons vécu dans l'ignorance et le stress permanent.
On a quand même par la suite eu des renforts et mis en place des dépistages automatiques. Sauf qu'aujourd'hui, on ne les fait plus sous prétexte que la crise serait derrière nous, mais c'est faux ! C'est à croire que seul l'économique compte et pas la santé. À ce tarif, on dirait c'est le gouvernement qui décide ou pas de l'existence des différentes vagues. »
Une inquiétude qui semble partagée par les personnes présentes lors du rassemblement de Laon, « simples » citoyennes et citoyens, usagères·ers, à l'image de Florence, qui ne tarde pas à s'insurger : « Mon fils a attrapé depuis mars dernier une forme de Covid dite “de longue durée”. Il ne s'en remet pas et cela concernerait 4 % à 5 % des malades. C'est très invalidant et je ne comprends pas pourquoi les médias n'en parlent pas… »
Alors qu'Emmanuel Macron a décrété un retour à l'école obligatoire le 22 juin, beaucoup s'interrogent face à cette réalité : le gouvernement s'est montré incompétent au début de la crise, or le virus est toujours là. Quant à l'hôpital, lui, il attend toujours les moyens qui lui font cruellement défaut…
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