Mer et littoral : des moyens pour la recherche
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Moyens financiers et humains insuffisants, précarité accentuée et financement par projets nuisibles à la qualité de la recherche… Les critiques de la troisième chambre de la République alimentent celles de la communauté scientifique, massivement mobilisée contre la LPPR et pour qui le Covid n’a pas rendu le gouvernement plus à l’écoute des problématiques de la recherche.
Dans le détail, le Cese considère notamment que « la programmation financière n’est pas à la hauteur des défis ». Alors que le président Emmanuel Macron a promis cinq milliards d’euros pour la recherche d’ici à 2030, à raison de 500 millions par an, le Cese juge cette « montée en charge bien trop lente ». Il préconise pour sa part d’affecter six milliards d’euros d’ici la fin du quinquennat.
Il fustige l’intention du gouvernement de renforcer la contractualisation des emplois en créant de nouveaux dispositifs de recrutement, tels que les chaires de professeur junior ou « tenure tracks », et les CDI de mission scientifique. De fait, les tenure tracks constituent une procédure de titularisation dérogatoire au droit de la fonction publique pour les postes de directeurs de recherche et de professeurs des universités.
« Ces contrats de trois à six ans, qui pourraient représenter jusqu’à 25 % des recrutements des directeurs de recherche et des professeurs des universités, accroissent la précarité des chercheurs en créant un nouvel obstacle après le doctorat. Déjà que c’est le parcours du combattant pour être titularisé ! », critique Jean-Pierre Fitoussi, ingénieur de recherche en physique, militant au SNTRS-CGT (Syndicat national des travailleurs de la recherche scientifique).
« Cette nouvelle voie de recrutement, en plus de casser le statut de fonctionnaire, porte atteinte à la liberté de la recherche dans la mesure où le contrat pourra, par exemple, imposer des objectifs à atteindre », critique Samuel Hayat, chercheur au CNRS en sciences politiques, par ailleurs membre du Comité des facs et labos en lutte. Pour ce dernier, la LPPR, qui s’inscrit dans la continuité de la loi LRU sur l’autonomie des universités, fait basculer la recherche dans une logique de compétition généralisée entre étudiants, universités, laboratoires, chercheurs…
Cette logique concurrentielle et court-termiste est encore accentuée avec les financements par projets que le gouvernement entend privilégier, au détriment des financements pérennes. Avec le risque de standardiser la recherche, de privilégier les pistes les moins hasardeuses et de concentrer les moyens sur quelques équipes. En mars dernier, dans une lettre qui avait alors fait le buzz, Bruno Canard, directeur de recherche au CNRS et spécialiste des virus, racontait que son équipe avait du cesser les recherches sur les coronavirus, une fois passées de mode après l’épidémie du Sras en 2003.
« Un enseignant chercheur consacre déjà un tiers de son temps à chercher des financements. Le financement par projet nuit à la recherche fondamentale », critique Cendrine Berger, cosecrétaire générale de la Ferc-CGT. Dans son rapport, le Cese préconise de rééquilibrer les financements en faveur de crédits de base. Actuellement, la France consacre 2,2 % de son PIB à la recherche (publique et privée), loin des 3 % d’ici 2020 fixés par l’Europe. En particulier, l’effort public a régressé, à moins de 0,8 % aujourd’hui.
La LPPR, qui devrait être présentée en Conseil des ministres le 8 juillet, après une concertation à marche forcée, ne répond en rien aux défis de demain. « Elle rajoute une pierre à l’édifice de déconstruction de la recherche, en contournant le statut de fonctionnaire, en accroissant la précarité et en multipliant les appels à projet », conclut Josiane Tack, secrétaire générale du SNTRS-CGT.
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