31 juillet 2020 | Mise à jour le 31 juillet 2020
Les syndicats de TUI France (CGT, CFE-CGC, FO, CFDT) demandent une « médiation » afin d’obtenir de « véritables négociations » avec la direction sur les conditions de départ de « près de 600 salariés » que le voyagiste prévoit de licencier, ont-ils annoncé jeudi lors d’une assemblée générale virtuelle.
Face au « blocage total » et à « une crise majeure« , cette médiation « vise à rendre possible un débat pour avancer« , a déclaré Xavier Van Geit, avocat du comité social et économique (CSE). Il a décrit « une direction qui a emmené les salariés dans une catastrophe industrielle et profité du Covid dans le pays qui a le plus accompagné les entreprises » touchées par la crise sanitaire.
« Nous voulons partir dignement avec des indemnités qui ne soient pas en deçà de la loi, mais il faut se battre. Lors d’une visite à Bruxelles (au siège du groupe, NDLR) nous avons trouvé porte close » , a déploré Lazare Razkallah (CGT), secrétaire du CSE, disant avoir « le sentiment que la direction joue la montre » .
Les syndicats ont rendez-vous vendredi au ministère du Travail, auquel ils entendent « rappeler comment TUI a agi« . Selon M. Razkallah, « les salariés ont appris leur licenciement par visioconférence; l’entreprise, qui a touché 10 millions d’euros de CICE, a fait un plan social et profité du chômage partiel; les conditions de départ proposées par la direction sont en deçà de ce que prévoit la loi et elle va transférer l’activité au Maroc avec l’argent public » .
Selon Laurent Tricot, du cabinet Apex Isast, qui accompagne les élus du CSE, « le groupe TUI veut se débarrasser de TUI France, et a actuellement une capacité de financement de trois milliards d’euros » alors qu’il ne prévoit « que 90 millions pour le plan social, la reprise d’activité et la réorganisation » .
Interrogée par l’AFP, la direction assure que le groupe « soutient TUI France pour un plan social et aussi pour absorber la perte financière de cette année ».
« Au regard du contexte de la crise du Covid, les moyens financiers du groupe sont fortement impactés. La reprise va être lente et progressive avec la crise sanitaire, le marché est encore incertain » , ajoute-t-elle.
Selon les syndicats, « plusieurs lettres d’intention d’acquéreurs » potentiels « sont déjà arrivées au siège« . Parmi eux, le groupe Marietton (Selectour). La direction de TUI France confirme seulement l’arrivée de « lettres d’intention d’acquéreurs potentiels d’agences » depuis « quelques jours » .
Elle assure cependant que « (sa) stratégie n’est pas basée sur la reprise de TUI France par un repreneur » mais « reste de se concentrer sur les produits cœur de métier: Club Marmara, Club Lookéa et Circuits Nouvelles Frontières avec le groupe TUI comme actionnaire » .
Elle a annoncé le 17 juin lors d’un CSE un projet de réorganisation prévoyant la suppression de 317 postes sur 904, « hors l’impact potentiel dans le réseau d’agences intégrées« , soit les 65 points de vente physiques qu’elle détient en propre.
Le plan social concerne en réalité « près de 600 postes » , selon les syndicats, « jusqu’à 583 postes avec des transferts possibles pour les collaborateurs des agences reprises par des repreneurs potentiels » , a précisé à l’AFP la direction.