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Au pays de Pasteur

Frédéric Dayan
23 décembre 2020 | Mise à jour le 23 décembre 2020
Par
Tandis que l’opinion s’interroge -et c’est tout à fait normal- sur la fiabilité des vaccins contre le coronavirus qui vont commencer à être administrés ces prochains jours, Jean Castex vient polluer cette séquence importante et attendue en prétendant imposer la vaccination. Il sort du chapeau un nouveau projet de loi sur l’institution d’un «régime pérenne de gestion des urgences sanitaires».

Un texte au détour duquel le Premier ministre foule au pied les assurances données par Emmanuel Macron sur le caractère non-obligatoire de la vaccination contre le Covid-19. «Je ne crois pas à la vaccination obligatoire pour ce vaccin», avait déclaré Emmanuel Macron sur Brut le 4 décembre. «Je pense que c’est contre-productif de rendre des vaccins obligatoires alors qu’on les connaît mal et qu’on connaît mal la pathologie.» Un propos qui au passage laissait déjà planer un doute sur la qualité des vaccins, alors même que notre pays a précommandé des millions de doses.  Grâce à ce projet de loi débattu à nouveau en urgence, le Premier ministre pourrait être investi du pouvoir « le cas échéant dans le cadre des mesures prévues, (de) subordonner les déplacements des personnes, leur accès aux moyens de transports ou à certains lieux, ainsi que l’exercice de certaines activités à la présentation des résultats d’un test de dépistage établissant que la personne n’est pas affectée ou contaminée, au suivi d’un traitement préventif, y compris à l’administration d’un vaccin, ou d’un traitement curatif ». Autrement et simplement dit instaurer un permis de circuler impliquant une obligation vaccinale. Il n’en fallait pas plus pour jeter le doute et amener l’eau au moulin des thèses complotistes les plus fumeuses.

Qu’au pays de Pasteur et des Lumières, la raison et le débat aient du mal à lutter contre la foi et l’obscurantisme n’est plus une surprise. La verticalité du pouvoir, la démocratie formelle et confisquée, les décisions « hors-sol » alimentent une défiance contre tout ce qui vient « d’en haut », y compris contre la parole scientifique. Mais plus grave… cet épisode est l’occasion rêvée d’offrir à l’extrême droite une tribune d’où Marine Le Pen et ses amis souverainistes peuvent sans vergogne s’ériger en rempart contre le « totalitarisme » et la « dictature sanitaire ». Et du coup de polariser le débat politique entre Macron et Le Pen dans la seule perspective de 2022 par un calcul sordide et dangereux. Dangereux parce qu’on aurait tort de croire notre pays immunisé contre l’extrême droite. Cynique parce qu’il enferme les citoyens dans la seule alternative de la peste ou du choléra…