Comme désormais chaque année Oxfam a publié son rapport sur les inégalités dans le monde à la veille du Forum économique mondial de Davos. Il se tient cette semaine (du 25 au 29 janvier) mais, pandémie oblige, le millier de chefs d'États, de dirigeants d'entreprises et de représentants de la société civile, que le forum réunit habituellement dans la petite station des Alpes suisses, s'est retrouvé en visioconférence. Thème des débats : « une année cruciale pour rebâtir la confiance ». Autant dire que l'élite de Davos aura fort à faire pour y parvenir tant les risques qui menacent la stabilité mondiale sont nombreux. Aux effets du changement climatique vient notamment s'ajouter l'aggravation de la crise sociale dues à la pandémie de Covid-19 qui fait basculer des millions de personnes dans la pauvreté à travers le monde. C'est dans ce contexte, fortement marqué par le creusement des écarts de richesse, qu'Oxfam dénonce « le virus des inégalités ».
Les milliardaires ont déjà retrouvé leur richesse d'avant crise
L'organisation non gouvernementale (ONG) établi que les 1 000 milliardaires les plus nantis de la planète ont retrouvé leur niveau de richesse d'avant la pandémie en à peine neuf mois quand il faudra plus de dix ans aux plus démunis pour se relever des impacts de la crise du Covid-19. Or, « cette crise arrive dans un monde déjà profondément inégal où une minorité de personnes, en majorité de très riches hommes blancs, accaparent l'essentiel des richesses mondiales. » dénonce Quentin Parinello, porte-parole d'Oxfam France, dans un communiqué. Recourant comme à son habitude à des comparaisons choc destinées à marquer les esprits, Oxfam révèle que les dix premiers milliardaires au monde (classement Forbes), parmi lesquels le Français Bernard Arnault, ont vu leur fortune totale augmenter de 540 milliards de dollars depuis le début de la pandémie. Une somme que l'ONG estime amplement suffisante pour financer le vaccin contre le Covid-19 pour tous et éviter que quiconque sombre dans la pauvreté à cause de cette crise. Plus précisément, en France, par exemple, les 175 milliards d'euros supplémentaires qui sont venus gonfler les poches des milliardaires entre mars et décembre 2020 représentent deux fois le budget de l'hôpital public, précise Oxfam.
« En 2008, il avait fallu cinq ans pour que la richesse des milliardaires retrouve son niveau d'avant crise », souligne le rapport. À l'origine de la flambée actuelle se trouvent notamment les politiques publiques (rachats d'actifs par la BCE, plans de soutiens nationaux à l'économie dans un contexte de faibles taux d'intérêts…). Donnant confiance aux investisseurs, elles entraînent en effet l'envolée des cours de la bourse. C'est ainsi qu'entre la mi-mars 2020 et la fin décembre, le cours du titre LVMH a bondi de 25%. Cela pourrait être une bonne nouvelle si, faute de politiques de redistribution (fiscale, etc.) musclées, les États n'abandonnaient pas tout cet argent aux plus riches qui n'ont rien fait pour le gagner.
La Covid-19 tire les salaires vers le bas dans le monde (OIT)