4 décembre 2025 | Mise à jour le 4 décembre 2025
Une vingtaine de syndicats et d'associations appellent à manifester ce jeudi 4 décembre 2025 devant les Folies Bergères à Paris, là où se déroule la 9e édition de la Nuit du bien commun. Sous couvert de philanthropie, ce gala de charité contribue à étendre l'influence idéologique des réseaux d'extrême droite.
À quelques mois des élections municipales et alors que les associations dénoncent une érosion continue des aides publiques, les réseaux d'extrême droite continuent leur offensive, avançant parfois masqués. En témoigne la 9e édition de la nuit du bien commun qui se déroule ce jeudi 4 décembre à Paris. Derrière ce vocable bienveillant, limite communiste, se cache une idéologie sous-jacente réactionnaire et la figure ultraconservatrice du milliardaire Pierre Edouard Sterin. C'est lui en effet qui a cofondé en 2017 ces galas de charité à la sauce américaine où durant une soirée, des associations montent sur scène pour présenter, en quelques minutes, leur projet et lever des fonds. Or, les intentions du milliardaire sont dorénavant bien connues depuis les révélations du quotidien l'Humanité sur son projet Périclès : il s'agit essentiellement de faire gagner le Rassemblement national dans les urnes.
Levée de fonds au parfum réactionnaire
Sous couvert de philanthropie, le risque est grand de le voir étendre son influence idéologique à travers ces opérations caritatives permettant au passage de profiter d'avantages fiscaux. « Les Nuits du bien commun sont le cheval de Troie du projet Périclès de Stérin : son plan diabolique pour faire gagner l'extrême droite au pouvoir », dénonce la CGT culture dans un communiqué. Avec une vingtaine d'autres associations et syndicats, la CGT appelle à une manifestation ce jeudi 4 décembre à 18 heures, là où doit se tenir l'édition parisienne 2025, devant les Folies Bergères, propriété d'un autre milliardaire qui ne cache plus sa proximité avec l'extrême droite, Vincent Bolloré. « Ces Nuits du bien commun lèvent des fonds défiscalisés au parfum d'idées réactionnaires » alerte Salomé Gadafi, secrétaire générale adjointe de la CGT spectacle. Pour la syndicaliste, « les secteurs associatifs et culturels sont attaqués depuis des mois et subissent des coupes budgétaires drastiques. Des financements solides et durables sont indispensables, à la fois pour s'opposer à l'extrême droite et défendre nos valeurs progressistes. » Pour Vincent Gay, sociologue et secrétaire général d’Attac, qui appelle aussi à manifester, « Pierre-Édouard Stérin et Vincent Bolloré sont les parfaits symboles du grand capital et de l'extrême droite. Le premier, grâce aux Nuits du bien commun, veut se faire passer pour un grand patriote solidaire des plus démunis. »
Un évadé fiscal qui vend un pseudo patriotisme
Et pourtant, en 2012, alors que François Hollande devient président de la République, Pierre-Édouard Stérin fuit la France avec sa famille, craignant notamment une hausse des impôts. Il s’installe en Belgique, ce qui lui permet d’échapper à l’impôt sur les plus-values. « Aujourd'hui il tente de vendre un pseudo patriotisme. Pour un évadé fiscal, ça ne marchera pas », complète Vincent Gay. Des édiles s'inquiètent aussi de cette offensive idéologique. Dans une tribune publiée en mai dernier dans le Monde, huit maires de gauche écrivent ainsi que « face au projet réactionnaire de Pierre Edouard Stérin, notre bien commun sera l'égalité ». Ils écrivent : « son projet s'oppose frontalement aux principes que nous défendons dans nos politiques publiques, à ce qui forge réellement le bien commun : l'égalité entre les femmes et les hommes, y compris le droit à l'avortement, le respect des droits des personnes LGBTQIA+, l'accueil digne des personnes migrantes ; la lutte contre le racisme et l'antisémitisme ; la laïcité et la liberté de conscience ». Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes de province à Nantes, Bordeaux, Lyon, Rennes, Marseille, Toulouse, Angers, Tours, Dijon les fois où se sont tenues ces nuits pseudo caritatives. Reste que cette réappropriation du commun par des influenceurs proches de l'extrême droite pose question. A l'heure où l'Etat se désengage de ses missions et nuit au secteur public, qui définit ce qu'est le bien commun et qui se préoccupe de le préserver ?