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Euronews, un projet européen malmené

19 février 2021 | Mise à jour le 19 février 2021
Par | Photo(s) : Filckr/Santaolalla
Euronews, un projet européen malmené

Euronews a connu sa première grève intersyndicale (SNRT-CGT, SNJ-CGT, SNJ, CFE-CGC) le 9 février, pour dénoncer le plan de licenciements en cours.

« Le système de contraintes qui s'exerce sur les salariés d'Euronews ne cesse de s'accroître depuis plusieurs années, avec des effets délétères sur la santé et le fonctionnement psychosocial, effets déjà constatés et dument renseignés en CSSCT (Commission santé, sécurité et conditions de travail) depuis 2018 au moins. » Le rapport du cabinet Alterventions sur la santé des salariés de la chaîne d'information multilingue n'est pas rassurant.

« Des personnes sont sur le point de craquer, confirme Claudio Rosmino, représentant syndical SNJ-CGT. Les experts qui ont fait le tour des services ont trouvé des situations d'abus d'alcool et de prise de médicaments pour tenir le coup. » « Il y a eu des burn-out reconnus et deux personnes sont tombées [victimes de malaises] au travail », complète Cécile Marion, déléguée syndicale SNRT-CGT. Nous avons déposé 56 alertes en cinq ans. »

Les infos en turc et en italien dans le viseur

La chaîne européenne Euronews, dont le siège est à Lyon, a connu sa première grève intersyndicale (SNRT-CGT, SNJ-CGT, SNJ, CFE-CGC) le 9 février, pour dénoncer le plan de licenciements en cours. Entre 40 et 50 postes pourraient disparaître, sur les 385 CDI environ que compte l'entreprise.

En 2016 déjà, un précédent plan s'était traduit par 90 départs. « Ils avaient baissé le nombre de journalistes et embauché des commerciaux, des graphistes, des web-designers », rappelle Claudio Rosmino. Aujourd'hui, alors que la chaîne diffuse en douze langues, les services d'information en italien et en turc sont principalement visés.

« Des postes seraient également supprimés à la régie finale », qui gère les directs et la production, ajoute Cécile Marion. « Le mot d'ordre, c'est : “On continue comme avant, avec moins de moyens.” Ce sera beaucoup plus tendu », prédit-elle. Pourtant, la situation est déjà explosive. À cause du stress causé par les conditions de travail, « le ton monte souvent entre les salariés », constate-t-elle.

NBC News investit… et se retire trois ans plus tard

L'actionnariat d'Euronews, créée en 1993, rassemblait à l'origine de nombreuses chaînes de télévision publiques européennes, dont France Télévisions. L'entreprise a été rachetée en 2015 par l'homme d'affaires égyptien Naguib Sawiris. Classé parmi les 500 premières fortunes mondiales, il détient désormais 88 % des parts.

Historiquement financée par la Commission européenne, Euronews a de plus en plus de mal à décrocher ces budgets et c'est par la nécessité d'économies urgentes que la direction justifie son plan. En 2017, la chaîne américaine NBC News entrait au capital à hauteur de 25 %. Une décision qui avait été vue par les salariés comme une marque d'intérêt rassurante, de la part d'un acteur reconnu. D'où « le choc », se souvient Claudio Rosmino, quand NBC News a revendu sa participation en avril dernier. Officiellement à cause du rachat de la chaîne anglaise SkyNews par le groupe Comcast, maison-mère de NBC News.

Développement des programmes sponsorisés

Ces dernières années, les programmes sponsorisés, parfois par des monarchies pétrolières peu friandes de démocratie, se multiplient sur l'antenne d'Euronews.

La chaîne développe par ailleurs de nombreuses plateformes digitales sur les voyages, l'écologie ou encore la culture, histoire de multiplier les contenus susceptibles de faire l'objet de partenariats à but publicitaire. « On est bien loin d'un développement du cœur de notre métier, l'éditorial et l'information européenne », regrette Claudio Rosmino. « Notre identité, c'est d'avoir une vision autre que nationale », souligne Cécile Marion, pour qui la disparition des informations en italien serait « une catastrophe ».

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