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RÉPRESSION SYNDICALE

Vidéo - Imposant rassemblement pour Sabine Dumenil dirigeante de la CGT de la Marne

25 novembre 2021 | Mise à jour le 1 décembre 2021
Par | Photo(s) : D.R.
Vidéo - Imposant rassemblement pour Sabine Dumenil dirigeante de la CGT de la Marne

Sabine Duménil (à gauche) avec Bernard Thibaut et Catherine Perret lors de la manifestation pour son soutien à Chalon-en-Champagne, le 24 novembre 2021.

Poursuivie pour injure et diffamation dans le cadre de l'expression de son soutien à l'inspecteur du travail Anthony Smith, la secrétaire générale de l’union départementale CGT de la Marne a été accompagnée de nombreux syndicalistes, dont Catherine Perret et Bernard Thibault, lors de sa comparution devant le tribunal, le 24 novembre.

« Relaxe, relaxe, relaxe… ! » Le slogan repris par des centaines de militants CGT venus de tous les départements du Grand Est et de la Seine-et-Marne, résonne lorsque Sabine Duménil arrive ce mercredi 24 novembre au tribunal de Châlons-en-Champagne. La première dirigeante de la CGT 51 doit y répondre de l'accusation de diffamation. Catherine Perret, secrétaire de la CGT est à ses côtés : « Toute la CGT est là pour défendre la camarade secrétaire générale de l'UD de la Marne. C'est lié à l'affaire de notre camarade Anthony Smith, inspecteur du travail qui a été sanctionné pour avoir dénoncé l'absence de protection pour des salariés en période de pandémie. Il l'a été pour avoir outrepassé ses fonctions, et ce avec confirmation par la ministre du Travail de l'époque, Muriel Pénicaud. Sabine a donc été accusée d'avoir insulté des représentants de la direction du Travail. Mais ça révèle surtout que nous sommes dans une situation où les militants de la CGT sont des cibles, à la fois du patronat et du gouvernement, pour essayer de faire taire les mobilisations. »
Bernard Thibault, est lui aussi venu apporter son soutien à Sabine Dumenil parce que « la CGT est attaquée ». Dans son intervention, devant le palais de justice, l'ancien secrétaire général de la CGT et actuel membre de l'OIT ne manque pas lui aussi d'écorner Muriel Pénicaud et son bilan catastrophique comme ministre du Travail, elle qui a notamment fait disparaître les CHSCT, « dont ô combien, nous aurions eu besoin pendant la pandémie ». Et de s'insurger que cette ex-ministre est maintenant proposée à la tête de l'OIT. Une situation inadmissible, dont il promet – sous les applaudissements – de s'occuper.

Le syndicat des inspecteurs du travail venu en force

Parmi les soutiens présents sur le parvis, il y a Anthony Smith lui-même, qui s'exprime en tant que responsable syndical au ministère du Travail. Il rappelle qu'en mars 2020, il était intervenu pour demander des mesures de protection de la santé de travailleuses aides à domicile à Reims, ce qui lui a valu une suspension immédiate de ses fonctions. Grâce à la mobilisation de milliers de syndicalistes et à une pétition signée par 160 000 personnes, Élisabeth Borne est revenue sur la décision de sa prédécesseuse, mais Anthony Smith a été affecté à Bar-le-Duc : « Et aujourd'hui, tous mes collègues de l'inspection de Bar-le-Duc sont ici. De même que tous les collègues de Reims où j'exerçais précédemment. S'y ajoutent d'autres collègues de Paris et d'autres régions. » Cécile Clamme, secrétaire du syndicat national CGT-TEFP (inspection du travail) explique cette forte mobilisation de la profession : «Il est normal qu'on soit là, parce que l'UD de la Marne nous a soutenus alors qu'un inspecteur du travail était suspendu pour avoir simplement fait son travail […]. Nous avons une directrice départementale qui a fait le choix de relayer directement les demandes d'un employeur, qui a piétiné le principe d'indépendance de l'inspection du travail et elle n'a jamais été inquiétée, à aucun moment. Et c'est elle qui traîne notre camarade devant le tribunal pour injure et diffamation. Il était donc évident qu'on soit là aujourd'hui. » Au-delà des inspecteurs du travail en France, l'affaire a y compris une résonance à l'étranger, puisque Olivier Cazzola, dirigeant de la FGTB, avait lui aussi fait spécialement le déplacement pour exprimer la solidarité du syndicat des inspecteurs sociaux belges.

Au tribunal pour un jeu de mots

Mais que reproche-t-on au juste à Sabine Duménil ? On aurait presque envie d'en rire si ce n'était aussi violent. Madame Zdenka Avril, directrice régionale de l'ex-Dirrect, lui reproche l'injure d'une affiche que portait la syndicaliste dans une manifestation où il était inscrit « Poison d'avril ». Si après la loi sur la sécurité globale on en est là en France dans la limitation du droit d'expression des syndicalistes, il y a vraiment quoi s'inquiéter. De même, que dire de la liberté de la presse et du droit à l'humour ou à la caricature si une telle « injure » vaut convocation au tribunal ? C'était en tout cas pour ce motif que Sabine Duménil était convoquée au tribunal ce 24 novembre. Cependant, l'acharnement judiciaire ne s'arrête pas là puisque la plaignante a entamé une seconde procédure pour diffamation, cette fois suite à une lettre ouverte adressée par la syndicaliste à Élisabeth Borne, et qui dit « stop » en dénonçant l'attitude de Mme Avril dans l'affaire Smith. L'audience du tribunal de Châlons-en-Champagne ne portait que sur la première plainte pour diffamation. En quelques minutes, la juge a estimé que compte tenu du nombre important d'affaires dans la période, il fallait la reporter. Il en résulte un premier jugement qui décide du renvoi à la date du 23 mars 2022. Au vu de la détermination et de la colère que suscite cette affaire, d'autres mobilisations auront probablement lieu d'ici là.